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Changer notre façon de voter

Réformer le mode de scrutin pour « rétablir la démocratie ».

Mahaut Engérant | Le Délit

Lors de sa dernière campagne, Justin Trudeau a fait la promesse de conduire une réforme électorale pour « faire en sorte que l’élection de 2015 soit la dernière à utiliser le système uninominal majoritaire à un tour ».

Le 20 octobre dernier s’est tenu au Mcgill New Residence Hall un forum public sur la réforme, présenté par le Centre pour l’étude de la citoyenneté démocratique en collaboration avec la Chaire de recherche en études électorales de l’Université de Montréal.

Maryam Monsef, ministre fédérale des Institutions démocratiques était présente au forum et a pris la parole pour présenter l’enjeu. La réforme sur le mode de scrutin devrait, selon elle, encourager une plus grande participation des électeurs et mener à l’élection d’un gouvernement qui reflétera mieux l’ensemble de la population. Le forum a ensuite pris la forme d’un débat où quatre chercheurs en sciences politiques ont chacun défendu un mode de scrutin différent.

Le système majoritaire uninominal à un tour (SMU)

Peter Loewen, professeur en sciences politiques de l’Université de Toronto, a défendu le système majoritaire uninominal. Ce mode de scrutin consiste à voter pour un seul candidat et pour l’emporter, il suffit simplement d’arriver premier et d’avoir la majorité relative. Ce système a l’avantage d’être simple et de former un gouvernement plus stable puisque le parti élu à la majorité est favorisé en détenant l’entièreté du pouvoir. Il est cependant souvent critiqué puisque ce système électoral peut causer une fausse majorité : un gouvernement qui ne reçoit que 40% des votes de l’ensemble de la population peut avoir la majorité des sièges au Parlement. Ce mode de scrutin peut décourager certains électeurs qui ont l’impression que leur vote ne compte pas.

Le vote préférentiel

Marc-André Bodet, professeur à l’Université Laval, a présenté le vote préférentiel. Ce système permet à l’électeur de choisir plusieurs candidats en indiquant un ordre de préférence. Le candidat qui obtient plus de 50% des voix gagne l’élection. Ce mode de scrutin a les mêmes avantages que le SMU sans toutefois causer des cas de fausse majorité. 

Représentation proportionnelle sur liste ouverte

Élaboré par Laura Stephenson, professeure à l’Université de Western Ontario, le système de représentation proportionnelle sur liste ouverte a pour avantage d’encourager la diversité au sein des partis. En effet, les électeurs ne votent pas seulement pour le parti de leur choix, mais peuvent aussi choisir le candidat qu’ils préfèrent. Ce système pourrait aussi encourager la participation des citoyens en leur laissant une plus grande liberté de choix.

Représentation proportionnelle mixte

Sven-Oliver Proksch, professeur adjoint de l’Université Mcgill, a défendu la représentation proportionnelle mixte. Chaque électeur vote deux fois ; la première fois pour élire un député local et la deuxième pour le parti de son choix. Les députés de la Chambre des communes seront donc un mélange de députés locaux et régionaux. Cette représentation a pour avantage de limiter les cas de fausse majorité et d’offrir un plus vaste éventail de choix pour les électeurs. 

Au terme du débat, il n’y a pas eu de consensus sur le système qui conviendrait le mieux aux Canadiens. Aussi, il ne faudrait pas laisser passer sous silence les foudres que s’est attiré Justin Trudeau cette semaine en évoquant la possibilité de revenir sur sa promesse d’une réforme électorale. Maintenant qu’il est pouvoir, notre premier ministre est certainement bien conscient des avantages que peuvent lui procurer un système uninominal à un tour… ξ


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