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La lutte continue

Plus qu’un combat pour l’environnement, l’affaire d’une jeune activiste.

Mahaut Engérant | Le Délit

La semaine dernière a eu lieu sur le campus de McGill la Semaine contre les énergies fossiles (Fossil Free Week, ndlr) présentée par la campagne Divest McGill (Désinvestissons McGill, ndlr) qui tente de faire désinvestir l’Université de ces énergies non-renouvelables.

À l’auditorium du bâtiment Frank Dawson, les groupes Divest Mcgill, Climate Justice Montreal et l’Économie pour l’anthropocène ont co-présenté mardi dernier la discussion Defending the defenders (défendre les défenseurs, ndlr) pour soutenir la cause de Vanessa Gray. Cette jeune activiste, issue de la première nation Aamjiwnaang, risque 25 années d’emprisonnement pour avoir bloqué, en décembre 2015, l’oléoduc 9 de la compagnie d’Enbridge à Sarnia, en Ontario. 

Cet oléoduc qui transporte le pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta passe sur la réserve de la communauté de Vanessa Gray. Cette région est aussi surnommée la vallée de la chimie (Chemical Valley, ndlr), car c’est là qu’est fabriquée 40% de la production annuelle de pétrochimie du Canada. Cette forte concentration d’usines toxiques porte sur cette région d’immenses conséquences. En effet, comme l’explique la sœur de l’activiste, Lindsay Gray, vivre dans ces alentours constitue un danger pour les habitants qui sont largement frappés par des problèmes de santé reliés à l’intoxication. Plus encore, leur environnement est complètement pollué par les déchets des usines avoisinantes. Par exemple, il est impossible pour ce peuple autochtone, dont les mœurs sont si proches de la Terre, de se baigner dans leurs lacs, de pêcher ou chasser du gibier à cause des risques de radiation dans leurs viandes.

Racisme environnemental

Plus qu’un combat environnemental, celui que mènent les sœurs Gray et leur communauté est aussi une lutte sociale. Le terme « racisme environnemental » fait référence aux inégalités environnementales que subissent certains groupes aux profits d’autres. En effet, les industries ont tendance à s’installer et donc à rejeter leurs déchets toxiques dans les environs des terres occupées par une minorité raciale. Ces minorités font rarement le poids contre ces compagnies et leurs combats visent à faire promouvoir leurs droits fondamentaux.

Il est intéressant de se rappeler que le Committee to Advise on Matters of Social Responsibility, CAMSR (Comité de conseil en matière de responsabilité sociale, ndlr), a refusé au printemps dernier la proposition du désinvestissement en utilisant comme argument que le réchauffement climatique ne causerait pas de préjudice social. Or, ce que subissent les communautés vivant aux environs de ces usines témoigne du contraire. C’est une preuve qu’investir dans ces énergies cause un réel dommage à l’environnement et à la société.

Désobéissance civile

Normand Beaudet, un activiste présent à la discussion, a mentionné que la poursuite d’actions directes, comme celle initiée par Vanessa, est essentielle à la lutte contre les grandes compagnies. Notamment parce que les maires des villes concernées n’ont souvent pas de pouvoir contre ces industries et donc, pour faire comprendre le mécontentement des citoyens, il est nécessaire de sortir du cadre légal et d’agir directement pour espérer faire avancer une cause. 

Après cette semaine de sensibilisation sur la cause environnementale, la lutte pour le désinvestissement hors des énergies fossiles de l’établissement continuera jusqu’à ce que l’administration accepte d’investir dans des énergies plus propres. 


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