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Étudiants en échange…

Mahaut Engérant | Le Délit

Partir en échange : rencontrer de nouvelles têtes par douzaines, se dérober aux rigueurs académiques mcgilloises, découvrir une nouvelle ville, un nouveau pays, sa culture… C’est tout ça partir en échange, mais c’est aussi observer l’université autrement. Car McGill n’a pas inventé la roue et les choses se font différemment autre part. Ne nous prenez pas au mot, voyez par vous même !


Vie étudiante

ROYAUME-UNI
Jean-Félix Bellavance
Université de Manchester

Hormis l’obsession de Stephen Harper pour la reine et les 50 millions de dollars annuels donnés à la famille royale, les Canadiens ont en général une opinion assez positive des Britanniques : polis, éduqués, blêmes et très actifs sur LAD Bible (une communauté d’internautes qui partagent des photos et vidéos amusantes, ndlr). Nous avons tous bien vu le 23 juin dernier à quel point la Grande-Bretagne est divisée entre sa capitale, Londres, et ses campagnes. Un échange à Manchester permet d’être aux premières loges pour observer ce phénomène social et, croyez-moi, ça clash ! Sans vouloir enchaîner les anglicismes, la ville, tout comme l’accent de ses habitants, est plutôt trash : « Mate mate ! Give me 5 quid o I’ll shank ya mate !». Il faut se mettre dans l’ambiance mais c’est super chaleureux ! D’un point de vue plus sérieux, les installations scolaires sont assez similaires à celles de McGill, peut-être même un peu plus modernes (sauf les chaises de Bronfman à 600$, certes). Le point de divergence est plutôt au niveau des résidences : nous sommes loin des hôtels 4 étoiles que sont la Citadelle et New Rez ; on joue plutôt dans le style Guantanamo, un style qui se prête très bien à l’ambiance festive cependant. Les résidences sont à environ 20 minutes en double-decker bus du centre et des clubs. Les clubs ? Oui ! C’est environ tout ce qu’on trouve à Manchester : clubs, poulet frit, pizza et football. Je vous laisse imaginer à quoi ressemblent les trajets au deuxième étage de l’autobus entre les résidences et les clubs en soirée… Ouch ! Pour résumer, c’est la meilleure ville pour aller en échange : un examen par semestre, gens sympathiquement intoxiqués, très hipster, Ryanair à proximité et on peut même y trouver l’amour ! Cheers mate ! 

AUSTRALIE
Mahée Merica
Université nationale d’Australie (ANU, Australian National University, ndlr)

C’est peu dire que Canberra ne jouit pas d’une réputation très excitante. La découverte du campus d’ANU a cependant hissé ce mythe au rang de mensonge dans mon esprit : immense, il occupe un bon tiers de la capitale et tel une ville dans la ville il accueille en son sein plusieurs cafés, restaurants et bars, de belles bibliothèques, un centre sportif, quelques boutiques, plusieurs terrains de foot, deux théâtres et même un cinéma ; le tout entourant une rivière bordée de saules pleureurs, conférant ainsi à l’endroit un aspect tant pratique que poétique, utilitaire qu’esthétique. En bord de lac, la verdure y prend le pas sur l’architecture et il fait bon y être autant qu’y étudier. 

DANEMARK
Béatrice St-Jean
École de commerce de Copenhagen (CBS, Copenhagen Business School, ndlr)

En janvier 2015, j’ai débuté mon échange étudiant à Copenhague, au Danemark ou le pays des gens heureux. Dès mon arrivée, l’école avait mis en place un programme de buddies et donc une étudiante de CBS m’attendait à l’aéroport pour m’accompagner jusqu’à ma résidence, ce que j’ai beaucoup apprécié. Le choix des résidences était plutôt varié et — à l’image des rues de Copenhague — elles étaient d’une propreté incroyable. La Copenhague Business School est composée de plusieurs bâtiments, mais le principal, Solbjerg Plads 3, possède une architecture à couper le souffle. Tout en simplicité et très épurée, la bâtisse comprend également une magnifique bibliothèque entièrement vitrée qui s’étend sur plusieurs étages et où il est possible de réserver son poste d’étude en ligne. Quelques faits cocasses : toutes les toilettes sont mixtes, on vend de la bière dans la cafétéria de l’école, les étudiants font eux-mêmes leurs cartes étudiantes grâce à une sorte de photomaton installé dans l’école, et tous les jeudis soirs le café étudiant, Nexus, se transforme en bar/club où l’on peut célébrer l’arrivée de la fin de semaine. De plus, on ne peut pas parler de Copenhague sans parler de vélos. Ils sont partout, tout le temps, et le campus et la ville elle-même sont construits pour optimiser les déplacements à vélo. Il y a des pistes cyclables sécuritaires dans presque chaque rue de la ville. Copenhague étant une ville extrêmement sécuritaire, son crime numéro un est en fait le vol de vélo. Bref, j’ai eu la chance de découvrir le pays de Hans Christian Andersen, des Vikings, de la bière Carlsberg, des Lego, des Smørrebrøds (sandwichs ouverts typiquement danois), etc. J’y retournerais n’importe quand ! 

Le saviez-vous ?

À McGill, il y a 21 toilettes non-genrées sur le campus, une initiative progressive et économe.

CORÉE DU SUD
Thomas Collin-Lefebvre
Université de Corée 

Bienvenue à la terre de Samsung, LG et Hyundai, là où la technologie rivalise en ambitions et en accomplissements, là où les réfrigérateurs ont des écrans, où les téléphones cellulaires sont aussi gros que des tablettes et où l’on peut commander son épicerie à l’aide de magasins virtuels situés dans le métro. Bienvenue en Corée !

Le plus grand contraste entre mes expériences à Montréal et à Séoul se situe sur le campus universitaire. En effet, le campus principal de la Korea University est non seulement récent, il est aussi moderne, propre et spacieux. Avec des bâtiments commandités par Samsung, LG et Hyundai, il n’y a pas à craindre qu’une pierre nous tombe sur la tête et les chantiers de construction sur le campus sont inexistants. Des pianos à queue ainsi qu’un café CNN sur le campus viennent agrémenter l’expérience étudiante. Cependant, cette atmosphère paisible est vite remplacée la soirée venue, les coréens étant reconnus comme étant des buveurs assidus. En effet, dès leur arrivée, les étudiants internationaux sont pris en charge par KUBA (Korea University Buddy Assistant), un groupe de volontaires qui ont pour mission de faire découvrir la culture coréenne aux nouveaux venus. Au menu : soju (alcool de riz), mekchu (bière) et somek (alcool de riz et bière). Préparez vos gosiers ! 

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Mahaut Engérant | Le Délit

FRANCE
James Hallifax
Université de Jean Moulin Lyon III

J’avais toujours pris pour acquise la bureaucratie de McGill. Avant que je ne choisisse de faire un échange à l’université de Jean Moulin Lyon III, en France, je me plaignais de Service Point, du processus de sélection des cours et de la bureaucratie mcgilloise en général. Peut-être qu’à McGill c’est mauvais, mais croyez-moi, ça peut être bien pire. Prenez la période de « add-drop ». À McGill c’est ennuyeux, on doit toujours vérifier en ligne si le cours que l’on souhaite prendre est toujours disponible. Mais ici à Jean Moulin, pour savoir si je pouvais prendre un cours, j’ai dû aller au bureau des étudiants, faire la queue pendant trente minutes seulement pour parler avec un conseiller qui me dit « désolé, le cours est encore plein, peut-être que tu peux revenir demain ». J’ai fait ça pendant trois jours de suite avant d’abandonner. D’autre part, si un cours est annulé (quelque chose de fréquent ici), on ne doit pas s’attendre à un courriel du professeur. Il y aura simplement une note sur un tableau dans le bureau des étudiants, où personne ne se rend. Deux fois, toute la classe est arrivée et nous sommes restés en place jusqu’à nous rendre compte que le professeur ne viendrait pas. Malgré tout, j’aime beaucoup cette expérience. Pour sûr, lorsque je retournerai à McGill le semestre prochain et me plaindrai de la bureaucratie de McGill, je me rappellerai qu’il existe bien pire !

Le saviez-vous ?

Le manque d’espace : un problème chronique à McGill. En témoigne la récente éviction de la librairie mcgilloise par la faculté de Gestion, trop à l’étroite dans Desautels.


Vie associative

SINGAPOUR
William Martin
Université nationale de Singapour

L’Université nationale de Singapour (NUS) est un endroit exceptionnel pour faire un échange. Utown, le campus où la majorité des étudiants en échange d’Amérique et d’Europe sont logés, s’apparente à un hôtel du Club Med. Il y a une piscine infinie, un gym, des accommodations neuves et un choix impressionnant de restaurants à bas prix. On parle ici de 2 dollars canadiens le plat. Par contre, ce que l’université met à votre disposition en terme de services est assombri par un manque incommensurable d’associations étudiantes.  En effet, voyez NUS comme une mauvaise copie d’une université américaine. Pour être franc, les associations semblent inexistantes. Par exemple, l’école de business, qui est l’une des plus renommée de la planète (beaucoup mieux cotée que Desautels) n’a pas vraiment de clubs et ceux qui existent sont soit très généraux soit inaccessibles aux étudiants en échange. C’est bien dommage… De toute façon, on va à Singapour pour la température et pour profiter de sa situation géographique idéale pour voyager en Asie. Il s’agit d’une destination parfaite pour sauter un hiver glaciale et explorer un monde étranger. 

Le saviez-vous ?

L’AÉUM gère plus de 300 groupes étudiants et 20 services (comme Midnight Kitchen ou encore Queer McGill)


Politique étudiante

PAYS-BAS
Julia Denis
Université d’Amsterdam (Universiteit van Amsterdam)

Le printemps 2015… Celui-ci restera gravé dans la mémoire des étudiants militant contre les mesures d’austérité à Montréal… et à Amsterdam. À la suite d’annonce de coupes budgétaires et de restructuration par l’administration de l’Université d’Amsterdam (UvA), un groupe d’étudiants a commencé à occuper le bâtiment des Humanités de l’UvA. À partir de ce rassemblement est né le mouvement de De Niewe Universiteit (La Nouvelle Université, ndlr) qui militait contre les mesures d’austérité et pour la démocratisation de l’Université. S’en sont suivies des négociations avec l’administration, l’occupation cette fois du bâtiment administratif de l’UvA, des arrestations et des violences policières… Bien qu’étant alors seulement une étudiante en échange, j’ai essayé de prendre part au mouvement, comme pour me rapprocher un petit peu des manifestations qui avaient lieu alors chez moi, à Montréal. Je me souviens justement d’une marche de contestation qui avait été alors organisée par des étudiants et professeurs, et où chacun était invité à porter en broche un petit carré de feutre rouge… un signe de protestation étudiante qui venait tout droit d’où ? Oui, du Printemps Érable de Montréal (la grève étudiante québécoise de 2012, ndlr)! 

AUSTRALIE
Théophile Vareille
Université nationale australienne

À l’Australian National University (ANU), vos représentants étudiants élus ne sont pas une réalité lointaine, dont vous vous moquez deux fois l’an sur facebook mais qui reste confinée à cette existence quantique/quasi-virtuelle. Non, à l’ANU les étudiants candidats vous sollicitent sur le campus, vous arrêtent entre deux cours pour vous présenter leur programme, et vous encouragent à aller voter à deux pas de là. 

Car on y vote dans l’urne et non en ligne. Il faut se rendre dans le bâtiment de l’association étudiante pour venir y déposer son scrutin papier de ses propres mains. La participation n’y est pas bien plus importante qu’à McGill, mais du moins l’étudiant qui est allé voter avec ses pieds se sent-il plus concerné que celui qui s’est contenté de quelques clics. 


Sécurité/santé

PORTUGAL
Laurie Royer
École catholique de commerce et d’économie de Lisbonne

Pour mon échange, j’ai décidé d’aller étudier à Lisbonne à l’université privée Catolica Lisbon School of Business and Economics. L’université est très petite, ayant seulement 1000 étudiants. Les cours sont tous donnés dans un même immeuble de seulement quatre étages. L’établissement ne nécessite donc pas autant de sécurité qu’ici. De plus, celui-ci se situe dans la banlieue de Lisbonne et  n’attire donc aucun touriste, contrairement à McGill. D’autre part, la prise en charge médicale et mentale est inexistante à Catolica. À McGill, je passe mes examens au OSD (le Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap, ndlr) et on m’accorde plus de temps pour les achever. Aucun service de ce genre n’est disponible à Catolica et j’étais la seule élève ayant le droit à plus de temps. C’est grâce à McGill que j’eu ce droit, car ils avaient avisé l’université de mon programme d’appui. Je crois que McGill surpasse les autres universités en termes de suivi et d’aide pour les étudiants ayant certaines incapacités mentales et physiques. Celle-ci devient donc un exemple à suivre. J’ai tout de même adoré l’école, ayant un sens de la camaraderie et de l’entraide, ce qui est moins présent à McGill. 

Le saviez-vous ?

14,8%, ou la participation au dernier référundum de l’AÉUM l’hiver passé. En dessous du quorum de 15%. Vote invalidé, donc.

TURQUIE
Émile Camus
Université Bogazici

Je recommande vivement à tout étudiant de partir en échange durant au moins un semestre de leur scolarité. Il s’agit selon moi d’une opportunité unique de voyager et de découvrir un pays, une culture, tout en étant dans un environnement encadré et favorable à l’épanouissement de soi. Bien que je pense qu’il faille choisir un pays, une destination avant de choisir une université en soi, il est vrai que le choix de cette dernière demeure essentiel. Dans mon cas, l’université d’accueil a été ma première source d’information en matière de prévention et de sécurité durant une période relativement secouée en Turquie. Le campus de l’université, situé a quelques kilomètres au nord du centre d’Istanbul, était heureusement un véritable havre de paix. Tout était mis en œuvre afin que les étudiants internationaux, pas nécessairement conscients des potentiels dangers dans un pays si différent du leur (comme dans mon cas), se sentent en sécurité. Ainsi, il était inconcevable de rentrer sur l’un des campus sans sa carte étudiante ou sans croiser un vigile sur sa route. 


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