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Quand les armes tuent des gens

Entre deux selfies, Trudeau dissimule l’utilisation d’armes à sous-munitions.

Mahaut Engérant | Le Délit

Cela fait près d’un an que la majorité des canadiens se réjouissent du départ d’Harper et de l’arrivée de Trudeau, un politicien populaire (c’est assez rare pour être souligné). Pourtant, le fantôme du Premier ministre conservateur continue de nous hanter. Il semble par exemple que la politique étrangère du gouvernement Trudeau souffre d’un syndrome de Stockholm curieux, notamment en ce qui concerne les interventions militaires. En effet, on pouvait récemment lire sur lapresse​.ca le titre suivant : « Les libéraux critiqués pour leur inaction sur les armes à sous-munitions ».

Tout d’abord, petit guide des armes pour ceux qui ne sont pas super au point sur comment bien tuer quelqu’un. Une arme à sous-munitions est une sorte de bombe contenant elle-même plusieurs autres bombes à munitions explosives. Le but est de disperser ces bombes de petite taille sur une zone étendue pour s’assurer que les victimes n’aient nulle part où fuir, par souci d’humanisme, évidemment. 

En plus du manque de précision de cette arme, certaines des sous-munitions n’explosent pas à l’impact et restent inertes pendant des années, ce qui les transforme en mines anti-personnel (mines qui visent les personnes et non le matériel, ndlr). Voilà ce qu’on appelle du recyclage. Ces deux facteurs combinés, il est estimé que 98% des victimes de ces bombes sont des civils, dont 27% sont des enfants.

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Mahaut Engérant | Le Délit

Une convention sans faille… 

Devant ce bilan peu reluisant, une convention fut ouverte à Dublin par l’ONU et fut adoptée par 107 États en décembre 2008. Cette convention interdit l’utilisation et la possession de ce type d’armes, et les signataires s’engagent à la destruction de leurs stocks dans les huit prochaines années, au maximum. 

Il est intéressant de noter que notre paisible voisin américain ne fait pas partie des signataires, tout comme la Corée du Nord, la Russie et la Chine. Le Canada est en revanche l’un des pays signataires.

Cependant, le gouvernement Harper exploitait sans grande pudeur, à l’image du personnage, une faille dans les clauses de la convention qui indiquait que les pays signataires peuvent mener des opérations militaires conjointes avec les pays non-signataires — durant lesquelles les munitions sont mises en commun. 

Or, qui est le plus grand allié stratégique du Canada ? Bingo, les États-Unis ! Sous prétexte que « tout de même, il ne faudrait pas compromettre notre capacité à mener des actions militaires », le gouvernement conservateur n’avait pas cessé l’utilisation des bombes à sous-munitions, malgré la signature du traité.

L’inaction de Trudeau critiquée

Aujourd’hui encore, le gouvernement Trudeau, en plus d’être critiqué pour la poursuite des bombardements au Moyen-Orient, n’a toujours pas pris de mesure quant à l’arrêt ou la limitation de l’utilisation de ces armes. Pire encore, il ne tente même pas de la déplorer ; il soutient leur utilisation. Chantal Gagnon, porte-parole du ministre Dion affirme que « notre loi offre un équilibre adéquat entre considération humanitaire et les intérêts en matière de sécurité. » 

Comprenez, si 98% de ceux qu’on tue sont des civils, c’est pour votre sécurité, et on a pris en compte l’aspect humain de la chose… Si ce n’est pas fantastique ! Le gouvernement se vante en revanche de faire la promotion de la convention de Dublin aux États non-signataires, parce qu’on ne respecte pas ces principes, mais on veut tout de même forcer les autres à le faire. C’est Harper qui doit sourire depuis son beau fauteuil au conseil d’administration de la firme Colliers International dont il fait désormais partie.


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