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La beauté d’une réalité méconnue

Entre humanité et passion, Mommy propose une vision inédite des liens maternels.

Shayne Laverdière

À l’occasion de la sortie prochaine du dernier film de Xavier Dolan Juste la fin du monde,  primé au festival de Cannes en mai dernier, le cinéma Beaubien organisait du 16 au 20 Septembre une rétrospective du cinéaste québécois. Une occasion de redécouvrir la filmographie de Xavier Dolan, notamment à travers son film Mommy, projeté le 20 septembre, prix du meilleur film étranger au Festival de Cannes de 2014.

Dans ce film, le jeune réalisateur dépeint l’histoire d’une mère veuve et de son fils atteint du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Suite à son expulsion du pensionnat pédopsychiatrique où il vivait, l’adolescent et sa mère ont une nouvelle opportunité de vivre ensemble et de reconstruire une relation mère-fils. 

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Shayne Laverdière

Une relation loin des idéaux

Les dialogues francs et parfois vulgaires du film, accompagnés d’un décor montréalais modeste aisément reconnaissable s’opposent aux clichés cinématographiques courants. Les acteurs s’approprient remarquablement ces dialogues et incarnent leurs personnages avec brio. Antoine Olivier Pilon, qui incarne Steve, le fils, parvient à nous faire ressentir un va-et-vient entre l’incompréhension et la compassion face au comportement de son personnage. La mère, peu éduquée, n’a pas les moyens financiers ni pédagogiques pour gérer les troubles de son fils. Par son fort caractère et son manque de tendresse, elle a tout pour être critiquée par les standards de la société. Or, l’humanité, la ténacité et l’amour filial, omniprésents dans le jeu d’Anne Dorval, rendent son personnage admirable. Ce duo touchant, loin des idéaux de la famille parfaite, expose la beauté du réel, celle de ceux qui ne baignent pas dans l’abondance et la facilité.

Un réalisme limité   

Bien que l’aspect cru du film apporte un réalisme poignant pouvant plaire, il peut également être émotionnellement exigeant pour le spectateur. La tension constante dans la trame du film semble parfois ne pas connaître d’évolution, ce qui peut être fatigant. En opposition au réalisme général du film, les institutions psychiatriques sont représentées de manière théâtrales et déshumanisées. Les scènes dans ces lieux sont très sombres, ou éclairées par une lumière blanche de laboratoire. L’uniforme du personnel est également très formel, et semble même d’une autre époque. Les tons noirs et blancs évoquent le milieu carcéral. Serait-ce une forme de remise en question des mesures mises en place par le gouvernement pour traiter les malades psychiatriques ? 

Y‑a-t-il une critique ?

À qui revient la responsabilité des personnes atteintes de troubles psychiatriques ? Donne-t-on les moyens à la population de prendre soin de ceux qu’elle aime dans un contexte humain ? À seulement 27 ans, Xavier Dolan parvient à remettre en cause nos jugements sur les personnes atteintes de troubles psychiatriques et sur les comportements des proches qui les accompagnent. On comprend alors un peu plus la complexité de leur situation en se mettant à leur place et au contact de leurs émotions. 


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