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Made in Italy

Le Musée McCord nous révèle l’envers du décor de la haute couture.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Prada, Armani, Versace… Qui n’a pas entendu ces noms ? Depuis longtemps, les stylistes italiens font l’objet d’une obsession internationale. L’exposition Eleganza : la mode italienne de 1945 à aujourd’hui est organisée par le Victoria and Albert Museum et dure jusqu’au 25 septembre 2016 au musée McCord. C’est l’occasion pour tous les amateurs de mode à Montréal d’en savoir plus long sur cet univers fascinant. Sans tergiverser sur le triomphe des grandes marques italiennes, l’exposition nous oriente vers des problématiques  moins discutées, telles que les origines modestes de cette mode ou les doutes qui existent par rapport à son avenir.                                                 

Un peu d’histoire

L’exposition commence par nous situer le contexte historique. 

Les premières pièces exposées datent des années 1940, période où l’Italie était particulièrement mal en point suite à la Seconde Guerre mondiale. La mode fut alors choisie comme moyen de redresser l’économie nationale, avec l’aide du plan Marshall. L’effort porta ses fruits : dans les années 1950, le créateur Giovanno Battisto Giorgini organise de superbes défilés dans la Sala Bianca du Palais Pitti, à Florence. Dans les années 1960, la mode italienne devient un phénomène mondial.

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Des origines modestes

L’exposition insiste beaucoup sur l’aspect régional de la mode italienne. Depuis toujours, ce sont les petits ateliers et les entreprises familiales qui règnent en Italie : grâce à leur savoir-faire très spécialisé, ils ont redressé l’économie déclinante du pays. Les Italiens s’adressaient à la sarta (ou couturière de quartier), qui était autant capable de faire des tenues sobres et de gros manteaux de laine, que de somptueuses robes de soirée. Plus loin dans l’exposition, un court-métrage nous permet de découvrir les différentes régions de l’Italie et leur expertise dans différents domaines : on apprend que la Toscane est la capitale du cuir, et Côme, celle de la soie. 

Quand Hollywood s’en mêle

Pour bon nombre d’entre nous, l’univers de la mode italienne est synonyme d’élégance et d’une sophistication haut de gamme. Cette association doit beaucoup à l’enthousiasme des vedettes américaines, qui se sont très vite entichées de cette mode. Dans la seconde salle de l’exposition, nous pouvons contempler une magnifique robe taille empire confectionnée par Fernanda Gattinoni, styliste qui a habillé Ingrid Bergman, Lana Turner et Audrey Hepburn. L’exposition achève de nous plonger dans cette atmosphère rétro-glamour avec un petit montage photo au milieu des pièces exposées : nous pouvons y reconnaître les visages intemporels de nombreuses stars américaines. 

Et demain… ?

La dernière salle de l’exposition est la plus grandiose. Sur un podium, plusieurs mannequins sont vêtus de tenues rocambolesques. L’exposition se clôt sur la présentation de la mode italienne depuis les années 2000, nous montrant les modèles parfois farfelus que notre époque a engendré : le plus étonnant est cette robe dorée Dolce&Gabbana représentant une icône religieuse incrustée dans la mosaïque d’une église. Le prix de la robe la plus spectaculaire revient à une pièce de Capucci, un tourbillon de soie fuchsia et vert qui semble enfermer le mannequin dans les pétales d’une fleur. Malgré la virtuosité de ces pièces, l’exposition s’achève sur une note incertaine : tandis que l’Italie fait face à de nombreux troubles économiques et politiques, la mode s’internationalise et plusieurs marques deviennent la propriété d’investisseurs étrangers. Il n’est pas sûr que les entreprises familiales qui ont fait la gloire de l’Italie puissent prospérer dans un tel climat. Heureusement, la fascination que le monde voue à la mode italienne, elle, semble bien partie pour durer longtemps… 


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