Aller au contenu

Cherche 51/2 sans surprises

Les jeunes font face à la discrimination au logement. 

Prune Engérant

Alors que beaucoup d’étudiants recherchent actuellement un logement pour l’année à venir, nombreux sont ceux qui doivent faire face à des requêtes loufoques – pour ne pas dire illégales – de la part d’un certain nombre de propriétaires montréalais. 

Les trois premiers mois d’une nouvelle année sont pour les universitaires une période chargée, tendue et même stressante. De la reprise des cours à la recherche d’un pied-à-terre, il est important de veiller à ne pas devenir une cible facile de propriétaires malhonnêtes.

En effet, il est une pratique fréquente chez certains d’entre eux de profiter de leur position de force afin de faire régner leurs propres lois sur le marché de l’immobilier. Ils utilisent à outrance des pratiques dont les jeunes locataires ignorent la posture illégale. Refus de location sous prétexte d’une quelconque nationalité étrangère, demande de dépôts de sécurité et d’un paiement de plusieurs mois de loyer à l’avance, ou encore photocopies de documents officiels n’en constituent qu’une infime partie. Il faut donc faire attention aux arnaques.

Les étrangers comme cible première

Les individus les plus ciblés par les propriétaires sont bien évidemment les jeunes étudiants, mais également les immigrés, qui doivent parfois faire face à une barrière linguistique importante. Cette barrière de la langue peut, chez certains, devenir une source de malhonnêteté et d’escroquerie de la part de certains propriétaires. Le journal étudiant de Concordia, le Link, publiait récemment l’histoire de Xiao Ming (pseudonyme), un étudiant international ayant quitté sa Chine natale pour poursuivre ses études à Montréal. L’étudiant a notamment été victime de fortes pressions verbales à propos de son utilisation quotidienne d’électricité, ainsi que de modifications importantes du coût de son logement. Il vivait dans de piètres conditions pour un logement au prix excessif. Des conditions si peu soutenables qu’elles l’ont mené à lancer une procédure judiciaire contre son propriétaire. Cependant, une grande majorité des victimes n’entreprennent pas de telles démarches.

Prune Engérant

Pas le temps ni les moyens pour la justice

« Les gens n’ont ni l’envie ni le temps de se lancer dans de telles procédures. Les délais sont longs et les propriétaires le savent bien » : telles sont les paroles de Ted Wright, consultant juridique en matière de logement. Il explique dans une entrevue au Journal de Montréal les raisons pour lesquelles les étudiants ne prennent pas le temps de s’engager dans une bataille face à la loi. 

Récemment, mes colocataires Ethel Berdugo, Julie Martin, Alexandre Chahtahtinsky et moi-même, tous étudiants français à McGill, avons aussi payé les frais de la malhonnêteté d’un propriétaire montréalais. L’homme concerné avait estimé en février 2016 qu’il était trop compliqué d’avoir des locataires français pour des « raisons juridiques ». De farouches propos tout simplement discriminatoires et sans bases légales, qui pourtant n’ont pas abouti sur une procédure judiciaire, faute de temps, d’argent, et de moyens. 

Comment faire face à de telles arnaques ?

Dans le but de lutter contre de telles propositions illégales, un grand nombre d’universités s’engagent à établir de bons contacts entre leurs étudiants et les agences immobilières locales. Ainsi, l’Université McGill propose un service de guide immobilier, Logement McGill (McGill Housing), grâce auquel les étudiants peuvent facilement et efficacement trouver des logements qui conviennent à leurs besoins… et ce de manière sécurisée et légale. De telles manœuvres se développent rapidement au Québec et à Montréal en particulier. L’Université Concordia s’engage elle aussi à conseiller ses nouveaux étudiants internationaux en terme de logement, en développant de manière assidue des associations telle que « Concordia Student Union Housing ». De la même manière, l’Université de Montréal a développé son propre système informatique afin d’aider les étudiants à trouver leur logement idéal. C’est par l’intermédiaire de tels systèmes que le marché de l’immobilier montréalais se sécurisera et parviendra à lutter contre les agissements illégaux de propriétaires frauduleux. En attendant une généralisation de l’information de qualité, il faut rester sur ses gardes, et prendre le temps de poser les bonnes questions afin de trouver des solutions. 


Articles en lien