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Intégration ou beaux discours ?

Quelle est la réalité des politiques d’accueil des réfugiés au Québec ?

Esther Perrin Tabarly

Alors que le nouveau gouvernement Trudeau a finalement rempli à la fin du mois de février 2016 son objectif d’accueil de 25 000 réfugiés syriens, il paraît pour le moins évident de prévoir l’avenir de ces personnes, auparavant persécutées par une guerre dévastatrice et meurtrière qui ravage aujourd’hui encore une vaste partie du territoire syrien. Ayant accueilli 20% du nombre total de réfugiés syriens au Canada, de quelle manière le Québec accueille-t-il ces nouveaux arrivants ? Quelles sont réellement les mesures prises pour faciliter l’arrivée, l’installation et l’assimilation culturelle des migrants ? 

Un rapprochement culturel plutôt qu’un remplacement

Comme le démontre le communiqué officiel de la ville de Québec sur l’accueil des personnes immigrantes datant de juin 2010, la municipalité « considère la promotion, l’accueil, l’intégration, le rapprochement interculturel et la rétention des nouveaux arrivants comme des actions à privilégier. »

Le Québec, comme le Canada, suit donc une politique de rapprochement interculturel plutôt que d’assimilation, ce qui différencie la province de l’ogre américain qui prône une intégration sous forme d’un « melting pot ». En effet, sur le sujet de l’immigration, les États-Unis adoptent une politique plus fermée que la politique canadienne en incitant ses nouveaux habitants à délaisser les pratiques culturelles et linguistiques qui étaient les leurs dans le passé afin d’imprégner la culture locale : langue, pratiques et coutumes. 

Une différence qui constitue un atout pour le Canada et sa province francophone, capables de reconnaître la diversité ethnoculturelle d’un territoire historiquement biculturel. 

Les nouveaux habitants du Québec sont donc invités à prendre place dans la société québécoise tout en conservant les pratiques qui sont les leurs depuis si longtemps, et ce par le biais d’organismes comme l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), qui, depuis trois ans déjà, lutte en faveur d’une aide humanitaire pour des millions de Syriens. La société civile québécoise a donc posé ses cartes sur la table depuis un long moment.

Esther Perrin Tabarly

Le Québec en est-il capable ?

« Ça me rend excessivement fier qu’on soit capable comme peuple de retourner une situation horrible comme celle que ces gens fuient. ». Telles sont les paroles de Philippe Couillard lors de l’arrivée de réfugiés syriens à Montréal fin 2015. Des paroles pleines de contentement, qui témoignent d’une envie forte d’inclure ces nouveaux arrivants au sein de la société québécoise. Si l’envie y est, le Québec est-il pour autant doté de capacités suffisantes pour assurer le bien-être économique de plus de 5000 Syriens ? 

Pour Régys Caron, journaliste au Journal de Québec, la province risque de manquer de ressources en cas de catastrophe économique. En effet, le nouvel objectif du gouvernement Couillard (remanié au début de l’année 2016, ndlr) étant le rééquilibre budgétaire, une hausse des dépenses gouvernementales afin d’optimiser la situation économique des migrants semble contrarier les politiques mises en place par le gouvernement du Québec. Ce dernier cherche à promouvoir les emplois partiels, saisonniers, et les stages tout en stimulant l’entrepreneuriat pour les nouveaux arrivants sur le territoire. Des politiques d’accueil honorables qui requièrent néanmoins des investissements financiers que le gouvernement Couillard s’était engagé à ne pas entreprendre. 

Face à une telle contradiction, comment le gouvernement québécois va-t-il garder ses promesses électorales tout en assurant le bien-être économique de milliers de Syriens ? Ces milliers de réfugiés arrivés au Québec dans l’objectif d’une vie meilleure parviendront-ils réellement à bénéficier de toutes les promesses gouvernementales ? C’est l’avenir lointain qui nous le dira. 


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