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Un document précurseur

Les étudiants de McGill proposent une politique de gestion des agressions sexuelles.

Luce Engérant

Le 17 février, le Groupe de travail sur la politique d’agressions sexuelles de McGill (Sexual Assault Policy Working Group SAP, ndlr) a publié sa proposition finale pour une politique adressant les agressions sexuelles à l’Université.

Crée en 2013 après que trois joueurs de football mcgillois aient été inculpés pour agression sexuelle, le groupe de travail est composé d’étudiants actuels et anciens étudiants de McGill. La plupart des membres ayant travaillé sur l’écriture de cette politique sont des membres de l’AÉUM, de SASCOMSS, QPIRG, PGSS — entres autres. 

À l’origine le groupe SAP souhaitait dénoncer le manque de politique de gestion d’agression sexuelle de la part de McGill. Face à l’inaction de l’Université, le groupe de travail étudiant a finalement décidé de prendre l’initiative d’écrire sa propre politique. 

Luce Engérant

Combler un vide

Aujourd’hui, il n’existe pas de mécanisme institutionnalisé et formel pour gérer les agressions sexuelles à McGill. Cecilia MacArthur, une membre de SAP ayant participé au développement de la politique adressant les agressions sexuelles, explique : « De par ce qui nous a été communiqué par les survivants (personnes ayant fait l’expérience d’une agression, ndlr) à McGill, il leur a été généralement dit d’aller traiter le problème avec la police.»

Le groupe SAP a donc travaillé pendant plus de deux ans pour créer une politique formelle de gestion des agressions sexuelles et souhaite aujourd’hui faire adopter cette dernière par l’administration de McGill. 

Le document publié dernièrement par SAP propose une politique formelle proactive et réactive vis-à-vis des agressions sexuelles de la part de McGill. 

Il s’agit d’abord de mener une politique de prévention parmi les étudiants de McGill en fournissant des informations et des ressources supplémentaires pour sensibiliser aux questions des agressions sexuelles et du consentement. Le groupe de travail SAP demande la création d’un nouveau bureau et d’un nouveau poste de Coordonnateur des Ressources face aux agressions sexuelles (SARC, Sexual assault resources coordinator, ndlr).

Le deuxième volet de cette politique consiste en des mesures de réactions formelles accessibles pour les personnes faisant l’expérience d’une agression sexuelle à McGill. Le groupe étudiant propose ici que McGill offre l’accès à des mesures de soutien, à des mesures de sécurité (comme une mesure d’éloignement) et à des recours contre les agresseurs. 

Une politique adaptée aux mcgillois

Cette politique met l’accent sur « l’intersectionnalité », c’est à dire une approche selon laquelle les personnes peuvent vivre les agressions et l’oppression de manière différente en raison de leur appartenance à certains groupes sociaux et culturels. En effet, SAP tient à rappeler que les étudiants de couleur, les étudiants transsexuels, ou encore les étudiants avec des handicaps sont touchés de manière disproportionnelle par les violences sexuelles. 

Les mesures proposées par le document de SAP visent donc à mener une politique pro-survivants, non-directionnelle et sécuritaire qui supportera les étudiants d’une manière plus adaptée au cas spécifique de chacun. 

La politique de SAP met aussi l’accent sur la nécessité d’avoir un personnel formé aux questions d’agression sexuelles et capable de traiter les étudiants avec respect, compassion et confidentialité. Dans un article du McGill Daily paru cette semaine une étudiante confiait comment elle avait été traumatisée par son interaction avec un conseillé manquant de formation à propos des agressions sexuelles. Une politique plus encadrée et adéquate semble donc nécessaire au sein de l’Université.

McGill lance un modèle

« De ce qu’on en sait, il n’y a jamais eu de telle organisation étudiante indépendante ayant développé une politique comme la nôtre (que des étudiants écrivent eux-mêmes une politique de traitement des agressions sexuelles au sein de l’Université, ndlr). Il n’y a souvent seulement que des consultations étudiantes, ce qui signifie uniquement que quelques représentants étudiants siègent à un comité géré par l’administration universitaire », explique Cecilia, de SAP, afin de montrer combien ce projet pourrait faire des étudiants de McGill des précurseurs sur cette question. 

Le groupe de travail SAP est en train de revoir son document avec le Député Provost et la v.-p. adjointe (politiques, procédures et équité) de l’administration de l’Université McGill. Le Député Provost, André Costopoulos, a affirmé au Délit que les membres de l’administration étaient « ouverts à étudier les propositions à ce sujet ». 


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