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Longue est la route

Espaces Politiques.

David Leroux

La semaine dernière au travers des nouvelles flamboyantes concernant la venue de Ban Ki-moon et la transformation de Philippe Couillard en grand défenseur des écosystèmes insulaires du golfe du Saint-Laurent, faisait timidement sa place une nouvelle d’importance pour la communauté étudiante québécoise présente et à venir. 

Un amendement au projet de loi 76 sur le transport en commun demandant l’abolition de la limite d’âge pour profiter du tarif étudiant à l’achat de titres de la Société de Transport de Montréal (STM) était déposé à l’Assemblée Nationale. L’amendement fut unanimement entériné. L’adoption du projet de loi consacrera cette initiative qui entrera en vigueur dès la mise sur pieds de la nouvelle Autorité régionale des transports métropolitains. 

Il s’agit d’un pas de géant pour la promotion du transport en commun dans la métropole qui donnera, qui plus est, un sérieux coup de pouce aux étudiants de plus de 25 ans. Réjouissons-nous ! Dans une ville telle que Montréal, toute mesure rendant plus accessible et attrayante l’utilisation du réseau de transport en commun doit être dûment célébrée. Elle doit aussi servir d’autre part à nous rappeler que la route est encore longue et qu’énormément de volonté politique sera nécessaire afin de soulager les artères routières métropolitaines de leur congestion polluante et chronophage.

Problèmes périphériques

L’irrigation du centre-ville par le système de transport en commun se porte plutôt bien, mis à part les problèmes techniques affligeant le fonctionnement du métro. Les horaires d’autobus sont généreux en passages et, sans être parfaits, sont généralement bien adaptés aux périodes d’achalandage propres à chaque circuit. La congestion routière, pourtant, demeure et nous force à constater que beaucoup des visiteurs du centre-ville ne profitent pas des réseaux offerts par l’Agence Métropolitaine de Transport (AMT). D’où viennent ces véhicules ? Il suffit d’écouter Luc Ferrandez, maire du Plateau Mont-Royal et grand chevalier en croisade contre l’automobile, pour avoir notre réponse. 

Ferrandez a en effet orienté la plupart de son œuvre politique autour du thème suivant : rendre pénible l’utilisation de l’automobile sur le Plateau pour ceux qui y transitent quotidiennement. Bien qu’on puisse légitimement sourciller devant le négativisme de ses politiques, il a le mérite de cerner le problème de la congestion à Montréal : la circulation émanant de la périphérie et se servant des rues de la ville pour se rendre au travail. 

Favoriser les transports en commun semble bien entendu aller de soi comme objectif noble et indiscutable à brandir en cas de campagne électorale. Tous les politiciens s’en targuent, mais bien peu agissent positivement à cet égard, plutôt que de tenter de contraindre les gens à utiliser un service peu attrayant. Un habitant de Blainville doit aujourd’hui débourser 197 dollars mensuellement pour un titre de transport train-autobus-métro. Ces tarifs sont prohibitifs considérant que l’organisation urbaine des banlieues y rend l’automobile indispensable. Il faut améliorer l’offre du train de banlieue, mais cela nécessite des investissements et une grande volonté politique. Il faut donc que le projet transcende son objectif primaire si on le veut viable et politiquement attrayant. 

Rapprocher ce qui est loin 

L’idée de « rapprocher ce qui est loin » par l’entremise du transport n’est pas une idée nouvelle au Canada et au Québec, les grandes distances ayant toujours été un enjeu majeur de nos nations respectives. Depuis plusieurs années maintenant, des ingénieurs québécois indépendants planchent sur un projet de monorail suspendu à grande vitesse (250 km/h) utilisant la technologie du moteur-roue développée par l’ingénieur Pierre Couture et Hydro-Québec en 1994. Il s’agit d’un projet 100% québécois, innovateur, axé vers l’optimisation du transport et le développement durable. À la recherche de financement et d’intérêt gouvernemental pour la construction d’un banc d’essai, les gérants de ce projet sont aujourd’hui bloqués. À quand, donc, un réel désir d’innovation de la part de nos élus en matière de transport en commun ? À quand la fin des locomotives diesel sur les lignes du train de banlieue et la remise en opération de l’aéroport de Mirabel et sa liaison directe et rapide avec le centre-ville par monorail ? À quand la mise sur pieds à l’échelle métropolitaine de ce projet unique, écologique et exportable à travers la modernisation des lignes de trains de banlieue ? Des ingénieurs d’ici en rêvent. Il serait peut-être temps de leur donner leur chance. 


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