Aller au contenu

Agriculture au cœur de Montréal

La Concordia Greenhouse ouvre ses portes au public.

Vittorio Pessin

La Concordia Greenhouse faisait sa journée « portes ouvertes » semestrielle le 14 janvier dernier. Enfin, on pourrait plus parler d’un événement de promotion, la serre étant libre d’accès tout au long de l’année, aussi bien en tant qu’espace public que d’accueil de volontaires. Le rassemblement avait pour but de sensibiliser les étudiants montréalais à des enjeux tels que la souveraineté alimentaire (c’est-à-dire, le contrôle de la production de nourriture par la communauté des consommateurs elle-même), l’agriculture biologique et l’agriculture urbaine. Plus concrètement, les projets de la serre sont de produire de la nourriture proche des consommateurs et d’une manière durable.

Vittorio Pessin

Des visites guidées permettaient aux curieux d’explorer la serre située au sommet du pavillon Hall. La Concordia Greenhouse produit actuellement une sélection de microverdures et d’herbes aromatiques vendues à des entreprises étudiantes comme Le Frigo Vert ou Kafein, répondant ainsi à une demande de souveraineté alimentaire au sein de l’université. Elle sert aussi d’espace expérimental et d’éducation pour cultiver d’autres plantes à l’année, comme des arbres fruitiers, des plantes d’intérieurs, ou des varechs. Ses membres organisent chaque semaine des ateliers liés à l’agriculture durable, comme la culture sur plan vertical ou la lacto-fermentation, ainsi que des conférences sur des thèmes plus larges. Un bémol toutefois : la serre est plus un modèle pour des solutions à mettre en place qu’une solution en elle-même. L’édifice est vieux et mal isolé, il requiert donc une grande quantité d’énergie. De plus, sa superficie réduite limite sa capacité à fournir des produits pour l’université.

Vittorio Pessin

Agriculture(s) alternative(s)

La Concordia Greenhouse n’est pas un cas isolé ; elle fait partie d’un mouvement mondial d’agriculture urbaine. Bien sûr, l’agriculture urbaine ne date pas d’hier (elle existait déjà dans l’Égypte antique), mais elle a connu un renouveau dans les années 1970, au même titre que l’agriculture biologique. Elle répond à des problèmes engendrés par l’agriculture « conventionnelle » depuis le début du 20e siècle : appauvrissement et destruction des sols, contrôle de la production par un nombre réduit de grosses entreprises, consommation importante d’eau et d’énergies fossiles, etc.

Vittorio Pessin

À McGill aussi

L’équivalent le plus proche de la Concordia Greenhouse à McGill est MSEG (McGill Student-run Ecological Gardens, ndlr). Bien qu’incapable de produire à l’année, la ferme située au campus MacDonald propose un grand nombre de légumes durant les McGill Farmers’ Markets, et approvisionne 75 élèves en paniers hebdomadaires. Selon Erlend Bjørklund, co-gérant de MSEG, l’organisation « permet aux étudiants intéressés de participer à toutes les étapes de leur système alimentaire local de façon éco-responsable », de la ferme à la fourchette. Il ajoute que la position privilégiée des étudiants au Canada nous empêche de nous rendre compte de la réalité de la production de nourriture et de ses enjeux ; un fossé que des organisations comme MSEG peuvent aider à combler.

Vittorio Pessin

Il est intéressant de noter qu’une grande part des agriculteurs urbains travaillant dans ce genre de petites structures (par opposition aux entreprises de taille moyenne comme les Fermes Lufa) sont étudiants ou fraîchement diplômés. Selon Mme Swirlz (coordinatrice des services à la Concordia Greenhouse), la culture progressiste des étudiants sert de tremplin pour promouvoir l’agriculture urbaine.


Articles en lien