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Pour un salaire décent

Petite manifestation pour une rémunération minimum à 15 dollars de l’heure.

Mahaut Engérant

Le Mardi 10 novembre, au 770 rue Sherbrooke Ouest, un groupe de manifestants, modeste, mais convaincu, attirait efficacement l’attention des passants vers leur cause : un salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Aux quatre coins des rues Sherbrooke et McGill College des volontaires distribuaient des pamphlets pour préparer les piétons à ce qu’ils allaient voir. Sur place, une vingtaine de personnes alignées longeant le trottoir et brandissant leurs pancartes piquaient la curiosité et, surtout, provoquaient des discussions engageantes. Présentement, le salaire minimum est à 10,55 dollars de l’heure. La dernière hausse enregistrée a eu lieu le premier mai dernier, faisant passer le salaire minimum de 10,35 dollars de l’heure à ce qu’on connaît aujourd’hui. Alors, pourquoi demander un tel bond, vers 15 dollars de l’heure ?

Témoignage

Un travailleur, étiqueté comme précaire par les organisateurs, se confie. Selon lui, c’est évident, son salaire est insuffisant. « Ce n’est pas une fantaisie de ma part, une telle hausse est nécessaire pour un niveau de vie décent et, de manière réaliste, 15 dollars par heure ce ne serait même pas tout à fait suffisant. »  Il doit travailler davantage, collectionner les emplois, du matin au soir. Avec une famille à nourrir, la motivation est d’autant plus grande que l’enjeu est délicat. À Montréal, les maisons sont dispendieuses et l’augmentation du prix des loyers dépasse de loin celle du salaire minimum. Les allocations familiales n’arrivent pas à tout couvrir ; insuffisant, ça aussi.

Organisée par la Coalition contre le travail précaire, cette manifestation visait une plus grande visibilité, pour se faire entendre, mais surtout se faire découvrir. Œuvrant depuis déjà quelques années, le mouvement peine à se faire connaître du public. Postés stratégiquement devant le bureau du premier ministre à Montréal, les manifestants insistaient aussi sur la nature double de l’emplacement. Ainsi, se faire entendre devant l’Université McGill c’est aussi sensibiliser les décideurs de demain.

Mahaut Engérant

Ailleurs en Amérique du Nord

La campagne québécoise fait suite à d’autres mouvements amorcés ailleurs en Amérique du Nord. Aux États-Unis, les mouvements en faveur du salaire minimum à 15 dollars de l’heureont été amorcés par des employés de Walmart et de chaînes de restauration rapide. Des campagnes massives organisées par des employés et des syndicats ont débouché sur l’adoption d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure dans les villes de Seattle, de San Francisco et de Los Angeles.

La campagne fonde son objectif sur le rapport de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), basé à Montréal, qui, le 2 mai 2015, indiquait qu’«il y a un manque à gagner de quatre dollars de l’heure pour que le niveau du salaire minimum soit viable, pour qu’il ne soit plus synonyme d’exclusion économique et sociale. » Ce même rapport mentionne qu’un emploi à temps plein n’est pas synonyme de prospérité : le salaire minimum actuel ne permet pas de subvenir aux besoins de base et, en même temps, de s’émanciper de la pauvreté.

Dans la mesure où une petite PME québécoise ne pourrait soutenir une telle hausse, le mouvement montréalais prend en exemple certaines villes américaines où, chiffres à l’appui, les entreprises bénéficient d’une subvention provenant d’une taxe prélevée auprès des grandes entreprises, comme Walmart. Toutefois, les opposants au projet rappellent que la hausse du salaire s’accompagne aussi d’une hausse du coût de la vie, ce qui pourrait rendre la hausse caduque.


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