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De Paris à Ottawa

Quelles répercussions sur la politique canadienne ?

Mondialisation oblige, les grands dirigeants du monde se sont manifestés presque immédiatement après les événements à Paris, ou pendant pour certains. À l’unisson, les représentants de la démocratie occidentale, dont plusieurs font partie de la coalition internationale contre l’État islamique, se sont dits à la fois solidaires de la France et choqués par les atrocités terroristes, estimant que l’attaque visait les valeurs de l’ensemble de l’Occident. Selon Obama, c’est toute l’humanité qui est touchée ; affirmation quelque peu contradictoire quand on se rappelle, entre autre, les frappes des drones américains. Ces derniers sont effectivement connus pour avoir causé un grand nombre de victimes civiles, provoquant un ressentiment important qui facilite le recrutement de l’EI.

Armée – Défense

Du même élan d’indignation, la majorité des dirigeants ont aussi insisté sur la nécessité d’une réplique. Hollande ne sera d’ailleurs pas passé par quatre chemins, « La France est en guerre » a‑t-il affirmé à plusieurs reprises. Les avions chasseurs-bombardiers français confirment cette direction avec d’importantes frappes aériennes : les plus destructrices à ce jour contre le groupe armé. 

Au Canada, si la sympathie est partagée par la population et le gouvernement, la décision du nouveau premier ministre d’arrêter les bombardements canadiens demeure inchangée. À la place, Justin Trudeau discute présentement avec les alliés du Canada pour décider de la façon dont le pays pourra être le plus efficace dans son intervention contre l’EI, suggérant ainsi de renforcer l’entraînement donné aux combattants kurdes. Toutefois, les frappes aériennes canadiennes n’ont pas encore cessé pour autant. La date de leur arrêt n’a pas encore été donnée et le ministère de la Défense n’a pas mentionné si les frappes qui ont eu lieu après les attentats étaient prévues ou non. 

Salomé Grouard

La question de l’immigration

L’autre grande question pour Justin Trudeau, c’est celle des immigrés. Suite aux événements, plusieurs citoyens et politiques s’inquiètent de la venue massive de 25 000 immigrés syriens et irakiens d’ici le 31 décembre. À Montréal, le maire Coderre demande au premier ministre de ralentir ses ardeurs, à Québec le maire Régis Labeaume  demande carrément de faire une pause et le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, demande à Justin Trudeau de suspendre le processus en raison des dommages immenses que peuvent commettre de petits groupes d’individus. On suppose que tous ces décideurs comprennent bien que ce que cherchent à fuir les réfugiés c’est précisément la terreur, celle-là même qui a frappé la France. Cependant la découverte du passeport officiel d’un réfugié syrien près du corps d’un des responsables de l’attentat ravive la crainte d’une infiltration. Malgré cette pression grandissante, Justin Trudeau demeure ferme : son plan reste le même. Pourtant, il paraît de plus en plus compliqué d’accueillir autant de réfugiés en l’espace d’un mois, surtout parce que le plan du gouvernement n’est toujours pas connu. Toutefois, il est évident que pour les partisans du projet, un ou deux mois de retard ne seraient peut-être pas dramatiques ; l’important étant de ne pas créer de faux espoirs. La priorité des responsables à ce jour est de rassurer la population quant à l’efficacité des processus de sélection. Sachant que cet élément de sécurité ralentissait fortement le processus sous les Conservateurs, l’objectif paraît encore plus difficile.

Récupération politique

Au Québec, Pierre-Karl Péladeau est à l’origine d’un débat d’urgence sur la question « afin de permettre une discussion transparente et non partisane » sur ce dossier d’«importance ». La Coalition avenir Québec et le Parti Québécois ayant suggéré de revoir les processus d’immigration et d’intégration, ils ont été critiqués par Philippe Couillard, affirmant que leurs commentaires pourraient provoquer de « l’intolérance involontaire ». La reprise politique semble se trouver des deux côtés de la chambre puisque Pierre-Karl Péladeau a ensuite accusé Couillard de reprise politique ; un acte considéré abject des deux côtés… C’est à la mode. 


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