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Modernité désordonnée

Quand on se marche sur les pieds au Musée des beaux-arts de Montréal.

Esther Perrin Tabarly

Malgré des œuvres hautement colorées et la présence de musique jazz particulièrement entraînante, la soirée Les Années Folles au Musée des beaux-arts du 28 octobre s’est avérée plutôt décevante. L’événement tentait d’encourager une faune peu habituée à fréquenter les musées à s’y rendre pour profiter d’une exposition rendant hommage à un collectif d’artistes qui a bouleversé la scène culturelle des années 1920 à Montréal. 

Beaver Hall, le fameux

Beaver Hall est un regroupement éclectique de peintres qui tirent leur nom de l’emplacement où ils ont établi leur studio, au centre-ville non loin de la rue Sainte-Catherine. Le groupe comptait autant d’hommes que de femmes, ce qui s’avérait être une première pour l’époque, tant au Québec qu’au Canada. C’est l’une des raisons pour lesquelles on considère le collectif comme un pionnier de la modernité artistique. Son histoire reste encore à ce jour assez mystérieuse ; on ne connaît même pas l’identité de tous ses membres et c’est pourquoi le musée réussit un tour de force en réunissant autant d’objets reliés à leurs vies et à leur travail. La diversité présentée est impressionnante : des toiles de toutes les tailles, des portraits de personnalités relativement connues mais aussi d’individus ordinaires, des paysages témoignant du lien intime qu’ont développé les artistes avec une ville en pleine effervescence depuis l’apparition des premiers gratte-ciel. Le style mêle moderne et post-impressionnisme et l’on sent le désir d’expérimentation de jeunes artistes à travers des coloris fauves et une géométrie simple. 

Esther Perrin Tabarly

Conclusion décevante

L’exposition en elle-même est intéressante et très agréablement disposée, mais on ne peut en dire autant de la soirée jazz. Le personnel du musée semblait dépassé par la popularité de l’événement. Le vestiaire et la billetterie, situés dans l’ancien pavillon ne sont tout simplement pas conçus pour une telle foule. On se marchait sur les pieds dans le hall d’entrée où tous se demandaient dans quelle ligne se ranger. Plusieurs personnes ont accepté l’invitation que leur avait lancée le musée et ont revêtu bretelles et boas, mais tous ces beaux costumes n’ont pas suffi à faire oublier l’atmosphère un peu étouffante. C’est dommage, non seulement parce que tout laissait entendre que l’événement serait un succès, mais surtout parce que l’exposition est très enrichissante si on s’intéresse à l’art québécois et à son rayonnement sur la scène internationale. 


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