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Couleurs et sentiments

Le MACM présente l’œuvre à la fois attachante et dégoûtante de Dana Schultz.

Marion Hunter

Le Musée d’Art Contemporain de Montréal (MACM) présente, jusqu’au 10 janvier, la première rétrospective canadienne du travail de l’artiste américaine Dana Schutz. Basée à New York, elle a utilisé tout au long de sa carrière une variété de références, datant pour la plupart du début du XXe siècle, du cubisme à l’expressionisme allemand. Après avoir fait ses débuts au Cleveland Institute of Art, elle évolue à l’international avec des travaux exposés à la Biennale de Venise (2003) ou au Kunsthaus de Zurich (2012). Grâce au soutien de Carlo Bronzini Vender et Tanya Traykovski, le MACM expose avec succès l’évolution du travail de Dana Schultz, avec des explications utiles et pertinentes. 

Marion Hunter

Images de dégoût

Avec un style frôlant le morbide, l’artiste parvient à inspirer des réactions des plus étranges. Le dégoût en est sûrement la plus logique. Schutz représente des personnages qui urinent ou bien des enfants qui jouent avec des membres sciés, et tout cela dans un univers aux couleurs naïves. C’est le second regard qui semblerait être le plus intéressant. Les peintures inspirent l’espoir d’un monde meilleur avec des paysages apaisants comme dans Shaving où cette femme quasi sans tête se rase sur une plage au coucher du soleil. Le  contraste entre couleur et figuration donne ce caractère si spécial au travail de Schutz : l’opposition entre le calme désirable et la fureur des lignes que le rasoir laisse sur la peau.

Marion Hunter

Concepts du mouvement post-moderne

L’art contemporain, à partir du mouvement post-moderne, se caractérise par une multitude de références artistiques. Schutz en est la preuve parfaite, utilisant à la fois des représentations cubistes qui décomposent les personnages et des sujets expressionnistes. La créativité de l’artiste nous donne l’opportunité de nous imaginer ce monde où les enfants sont rois et des créatures qui nous rongent. On pourrait penser que, comme l’artiste mexicaine Frida Kahlo, elle représenterait ses peurs les plus vives, mais Dana Schutz explique que son travail n’a rien d’autobiographique. Elle s’inspire de problèmes de la vie quotidienne.

Présentation remarquable

La présentation des œuvres d’art est particulièrement bien organisée dans cette exposition où des tableaux aux grands formats invitent à la réflexion. Ils habitent l’espace et font en sorte que le spectateur puisse être plongé dans ce monde imaginaire. Le MACM a la chance de disposer de lieux propices à des rétrospectives de ce genre et donne à l’œuvre de Schutz un environnement sobre qui met en valeur les choix de couleurs vives de l’artiste.

Malgré un talent remarquable, le travail manque cependant d’évolution. L’œuvre de Schutz semble stagner dans cet univers qui ne nous mène nulle part. Nous sommes bloqués dans cette bulle où ces créatures, quasi humaines, nous rongent et nous dégoutent et on ressort de cette exposition les sens troublés et le moral plutôt bas. Ayez le cœur attaché et le désir de mener quelques réflexions personnelles pour apprécier l’ambivalence de cette exposition.

Marion Hunter

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