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De béton à futon

PARK(ing) Day transforme de simples cases de stationnement pour une ville durable.

Louis-Philippe Trozzo | Le Délit

Le 18 septembre dernier, les grandes artères de Montréal ont été témoins d’un spectacle enchanteur, voire irréel. À l’unisson avec les citoyens de 162 autres villes du monde, les Montréalais ont été invités à s’approprier les espaces de stationnement public de la métropole et à les réinventer en aires conviviales et récréatives dans le cadre du Park(ing) Day

Étudiants, familles, artistes, urbanistes, militants écologistes… Tous ont été appelés à s’abandonner aux délires de leur imagination et à exprimer leur créativité. Les cases de stationnement ont ainsi laissé place à des espaces d’expression artistique, de détente, de rencontre, d’entraide même. Jardins urbains, espaces de méditation, aires musicales, terrains miniatures de volleyball de plage, ateliers de réparation de vélos ; plein d’idées d’occupation toutes aussi insolites et originales les unes que les autres.

Cette année marquait la quatrième édition mondiale de cet événement incontournable, les participants s’étant donnés rendez-vous, comme à l’habitude, la troisième fin de semaine du mois de septembre. La ville de Montréal, quant à elle, en était à sa troisième participation.

McGill n’y échappe pas

Bien évidemment, les étudiants de l’Université McGill n’ont pas manqué à l’appel. Plusieurs élèves ont ajouté un brin de folie aux cases de stationnement situées à l’intersection des rues Milton et University, proposant aux passants de venir siroter un verre d’eau citronnée dans l’aire de relaxation qu’ils avaient soigneusement aménagée. Les passants étaient également invités à donner libre cours à leur expression artistique sur des billots de bois installés à cet effet.Cet aménagement était l’initiative du McGill Spaces Project (le Projet des Espaces de McGill), une organisation étudiante s’efforçant de rappeler aux étudiants l’importance des espaces publics en milieux urbains. Le Délit a d’ailleurs eu le plaisir de s’entretenir avec deux membres de l’organisation, Aldéric Leahy et Jules Boudreau. « L’intention première de McGill Spaces Project est de faire découvrir de nouveaux espaces aux étudiants de l’université et de les encourager à réinventer les espaces négligés en espaces plus propices aux échanges et aux rapprochements », nous racontait Aldéric. Il était donc impossible pour les membres de cette association de manquer l’appel du PARK(ing) Day !

Éléonore Nouel | Le Délit

Objectif et historique

À l’heure de la métropolisation des grands centres urbains, l’idée du PARK(ing) Day est de susciter un débat quant à l’occupation des espaces publics par les automobiles et d’y suggérer des alternatives. C’est également l’occasion de participer à un mouvement collectif visant à améliorer la qualité de vie en ville, un pas de plus vers la réalisation d’une ville durable. 

Des participants plus engagés ont trouvé en PARK(ing) Day une tribune publique idéale pour exprimer leurs points de vue sur certains enjeux et problématiques qui les touchent plus particulièrement ou pour manifester leur engagement social ou environnemental. Plusieurs participants ont d’ailleurs insisté pour que les organisateurs de l’événement promeuvent davantage l’utilisation de matériaux recyclés dans l’élaboration des divers kiosques.

À l’origine, PARK(ing) Day est une initiative de Rebar, un studio d’art et de design, qui avait usurpé en 2005 des cases de stationnement en plein cœur de San Francisco pour y dénoncer la sur-utilisation des automobiles et l’appauvrissement conséquent du paysage urbain.

À tout prendre, vivre en ville c’est vivre sur un territoire où les espaces publics se font de plus en plus rares et restreints. Si l’on veut embellir le paysage urbain et, surtout, en assurer la durabilité, il est de la responsabilité des communautés urbaines de promouvoir des solutions écologiques et artistiques, telles que celles proposées par PARK(ing) Day, face à l’expansion fulgurante des grands centres urbains.


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