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De la persévérance de nos principes

Éditorial.

« Est-ce qu’on peut laisser le focus sur la langue française cette fois ? ».

–Réponse de Douglas Sweet, directeur de la communication interne de McGill, à notre liste de questions proposées pour l’entrevue menée avec la Principale Fortier début septembre (p.7).

Tout à fait le type de phrase qui pourrait lancer un twerk de la joie ou un karaoké Céline Dion dans l’équipe du Délit, fervente défenseuse de la francophonie sur le campus de McGill depuis 1977. La Principale et son équipe souhaitent se concentrer sur la langue française ! 

En entrevue avec Le Délit, Suzanne Fortier a pris le temps de nous présenter les mesures mises en place par la direction pour promouvoir la francophonie sur le campus. Elle s’adresse à nous en français, comme elle explique le faire environ 50% du temps à McGill. Ses projets sont solides et réalistes. Il faut montrer l’importance, l’utilité et l’aspect agréable d’un campus bilingue. Notre voix bientôt quarantenaire a fait écho. Le Délit ne peut que se montrer enthousiaste. 

Néanmoins, comme le cite notre déclaration de principe, Le Délit a aussi pour vocation de questionner, rappeler l’intérêt de l’ensemble des étudiants et de mettre la lumière sur des enjeux sociaux qui nous semblent essentiels. Derrière cette sympathique rencontre avec Suzanne Fortier se cache une direction qui souhaite rester muette sur nos autres questions à propos des mesures d’austérité. Ces questions avaient aussi leur place en cette rentrée 2015, et elles persistent même lorsqu’on nous caresse dans le sens de la langue de Molière. 

Est-il acceptable à l’aube de nouvelles coupes budgétaires estimées à une dizaine de millions de dollars à McGill, après les mouvements sociaux du printemps dernier, de refuser à l’un des principaux journaux étudiants de parler d’austérité lors d’une entrevue exclusive avec la Principale ?

Tandis que l’AÉUM organise une Semaine Anti-Austérité du 14 au 18 septembre ; McGill fait couler de l’encre car elle aurait dérogé à la loi 100 en délivrant certains bonus à son personnel administratif.

Tandis que des employés de McGill –réunis sous les associations AMUSE (le Syndicat des employé(e)s occasionnels de l’université McGill) et MUNACA (l’Association accréditée du personnel non enseignant de l’Université McGill)–  militent aux côtés de l’AÉUM et de l’AEFA pour un salaire minimum horaire de 15 dollars ; on lit que l’ancienne principale Heather Munroe Blum aurait continué à percevoir un salaire de la part de McGill sur les deux dernières années – pour un montant de plus de 750 000 dollars. 

Tandis que des cours de la faculté des Arts sont supprimés et que la politique d’embauche pour les postes non-occasionnels reste gelée, l’Université trouve encore 10 000 dollars pour faire 3 121,7 litres de frappé aux fruits afin de rentrer dans le Livre Guinness des Records.

Ces remarques entassées sous la forme d’anaphores ne doivent pas être lues comme un jugement sec, mais comme des questions à l’administration. Chacune de ces actions, même en ces temps incertains, ont une justification. Nous regrettons juste ce silence qui laisse malheureusement libre cours aux critiques. Alors que l’AÉUM s’est placée de façon très claire contre les mesures d’austérité, nous espérons que la direction de McGill pourra éclaircir son positionnement et ses motivations. 

-Extrait de la Déclaration de Principes du Délit Français.

« Nous croyons que la promotion du français ne doit pas être seulement l’objet d’une résistance ou d’une protection, mais elle doit plutôt être conçue comme une contribution et un apport nécessaire et souhaitable.

Notre première responsabilité est envers la communauté universitaire dans un contexte d’enjeux sociaux et communautaires plus larges. Il nous appartient de faire contrepoids aux pouvoirs en place et nous sommes conscients de notre influence sur la communauté universitaire. »


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