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Tous unis contre l’islamophobie

Une manifestation anti-islamisation échoue.

Une manifestation islamophobe organisée par le groupe Pegida-Québec (patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident) près du Petit Maghreb a été contrée samedi dernier, le 28 mars, par une contre-manifestation sur le même lieu. La manifestation organisée par Pegida-Québec a causé beaucoup de remous lors des deux semaines précédant la manifestation, avant que celle-ci ne soit annulée au dernier moment dû au nombre réduit de participants.

Le groupe Pegida Québec est une extension du mouvement Pegida qui a vu le jour voilà près de cinq mois en Allemagne et s’est rapidement transposé en Amérique depuis. Leurs revendications non-politiques comprennent une lutte contre l’islamisation de l’Occident par l’implantation graduelle de la charia. En entrevue téléphonique avec Radio-Canada, le dirigeant de Pegida-Québec, Jean-François Asgard, a déclaré : « L’islam doit se réformer ou quitter l’Occident. » Ces prises de position controversées ont créé de vives réactions dans l’opinion publique. Dès l’annonce d’une manifestation, une contre-manifestation s’est rapidement organisée. Divers groupes de gauche présents sur place dès le début prévu de la manifestation Pegida ont été rejoints après quelque temps par des manifestants revenant de la manifestation hebdomadaire contre l’austérité qui se déroulait un peu plus au sud. Les effectifs de la contre-manifestation ainsi augmentés, les manifestants de Pegida-Québec se sont rapidement retrouvés submergés en nombre face à leurs adversaires politiques. Sur place, samedi, on avait peine à trouver un seul membre de Pegida osant montrer le bout du nez. Ironiquement, sur la page Facebook de l’événement, on pouvait lire : « Le seul but est de réunir un maximum de personnes de toutes origines, politiques et ethniques et qui veulent sauvegarder nos valeurs démocratiques face à l’islamisation. » C’est effectivement ce genre de foule qui s’est aggloméré au point de rassemblement, quelques centaines, mais tous scandaient haut et fort des slogans antiracistes : « Pegida, on n’en veut pas ! » Plusieurs agents du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) étaient aussi sur place pour empêcher toute altercation. 

Même si le droit de manifester est garanti par la Charte des droits et libertés, cela n’a pas empêché le maire de Montréal. Denis Coderre, de condamner fortement les visées du groupe. « Le groupe Pegida n’est pas le bienvenu à Montréal. Des groupes de ce genre n’ont pas leur place ici. », a‑t-il affirmé publiquement. De même, les parlementaires de l’Assemblée nationale ont adopté une motion à l’unanimité pour manifester leur inquiétude par rapport au groupe. Tout ce contre mouvement n’aura pas provoqué que des réactions enjouées. Dans la foulée des manifestations étudiantes illégales, faute d’itinéraire, les organisateurs de Pegida ont protesté contre la supposée illégalité de la leur. En effet, un itinéraire aurait été remis aux policiers. Ainsi, étouffé et indigné par ce contre mouvement, le groupe Pegida a annoncé sur sa page Facebook l’annulation de ses prochains événements pour prendre le temps de restructurer et de réorganiser le mouvement pour y apporter de nouvelles balises qui devraient préciser le but de l’organisation ainsi que sa pertinence. Les organisateurs espèrent ainsi atténuer la haine généralisée à leur égard qui les empêche de profiter librement de leur droit de manifester.


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