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La pilule ne passe pas

Les étudiants en médecine de McGill manifestent à Québec.

C’est à Québec, devant l’Assemblé nationale, que les étudiants en médecine de l’Université McGill se sont rassemblés lundi le 30 mars pour manifester contre le projet de loi 20, accompagnés de leurs homologues de l’Université de Montréal, l’Université de Sherbrooke et l’Université Laval. Les manifestants, au nombre de quelques centaines, vêtus de sarraus et armés de stéthoscopes se sont principalement mobilisés contre le projet de loi 20 et l’imposition de quotas de patients pour les omnipraticiens qu’il implique. Il s’agit d’une manifestation historique : c’est le premier rassemblement réunissant les quatre associations universitaires de médecine au Québec. Aussi, cette mobilisation a directement affecté le milieu hospitalier universitaire puisque plusieurs manifestants sont des médecins externes.

Par l’imposition de quotas de 1500 patients par médecin, sous peine de pénalités financières, le gouvernement cherche à augmenter leur productivité. En entrevue à Radio-Canada, Serge Keverian, président de la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ), a peur que cette mesure résulte en une déshumanisation du rapport entre le médecin et ses patients. Il craint aussi que les étudiants en médecine se désintéressent de la médecine familiale, principale profession touchée par le projet de loi, et que les étudiants finissent par faire résidence à l’extérieur de la province. Au lieu de cela, le président de la fédération propose que la prise en charge de patients soit valorisée à même les écoles. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, est resté imperturbable. 

À l’origine, le projet de loi 20 s’appuie sur des statistiques qui démontrent qu’au cours des quinze dernières années, le nombre d’heures travaillées par les médecins n’a cessé de diminuer malgré ce qu’il qualifie de mesures incitatives. Se gardant de parler de paresse, le ministre Gaétan Barrette se contente de parler de « choix de vie ». N’empêche que sa mesure vise à augmenter significativement le nombre de jours de travail des médecins de famille du Québec, soit actuellement 117 par année en moyenne. Ainsi, les médecins de famille devront respecter des quotas, mais aussi assurer leurs douze heures en institution. L’idée est que les patients aillent voir leur médecin de famille avant d’aller aux urgences. Cela implique que les médecins de famille revoient complètement leur profil de pratique, sans compter que la pondération des patients demeure contestée. 

À McGill, les étudiants ne sont pas les seuls à s’opposer au projet de loi 20. En effet, les doyens des facultés de médecine du Québec ont déposé un mémoire en commission parlementaire pour dénoncer les effets du projet de loi. De plus, étudiants et doyens de McGill se sont entendus pour que les étudiants fassent la grève du 30 mars et puissent prendre part à la marche à Québec sans que leur absence soit pénalisée.
Bien que cette journée de grève coïncide avec le départ de la grève étudiante de l’AGELF, l’Association générale des étudiants en littérature française, la fédération de médecine tient à ce que ses revendications soient distinguées du mouvement plus général contre l’austérité du printemps 2015.


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