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La grève est déclarée

McGill débute sa mobilisation.

Luce Engérant

Une semaine complète de grève a été votée par L’Association générale des étudiantes et étudiants de langue et littérature françaises (AGELF) de McGill le jeudi 19 mars à l’occasion de l’Assemblée générale de l’association. Ce vote marque la volonté de l’AGELF de se joindre au mouvement du printemps 2015. La grève s’étendra donc du 30 mars au 3 avril, en réponse aux mesures d’austérité imposées par le gouvernement Couillard.

Le référendum du 19 mars était formulé sous la forme de deux motions. La première prévoyait un jour de grève symbolique le 2 avril, dans le cadre de la manifestation nationale organisée le même jour par l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ).

Une majorité écrasante (79,07%) des étudiants de premier cycle du département de langue et littératures françaises qui ont exercé leur droit de vote s’est prononcé en faveur de cette première motion. 

La deuxième motion proposait quant à elle qu’«advenant que le vote ci-haut soit voté favorablement et à majorité, que l’AGELF soit en grève du 30 mars au 3 avril. » Soumise à un vote par bulletin secret, celle-ci est passée avec 53,5% des voix.

À l’Université McGill, nombre d’étudiants n’ignorent pas « la nécessité de se créer un espace de grève, un espace de temps, de perturbation et de mobilisation pour lutter contre l’austérité », comme l’indique l’AGELF sur sa page Facebook. Si L’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) n’a, elle, pas présenté une motion pour la grève lors de la dernière Assemblée Générale, les départements ne sont pas à court de moyens pour faire entendre leurs voix. 

Les médecins déjà en grève

Dans la même optique d’opposition aux politiques du gouvernement libéral, sans toutefois s’opposer à l’austérité en général, l’association des étudiants en médecine de McGill (MSS) a décidé lors de son Assemblé générale du 17 mars dernier d’affirmer son mécontentement vis-à-vis du projet de loi 20 lors d’une journée de grève symbolique. Celle-ci aura lieu le 30 mars prochain. La motion proposant la journée de grève est passée sans trop de difficulté avec 89 votes pour la motion et 19 contre. Le projet de loi 20 est une initiative du Ministre de la Santé et des Services Sociaux du Québec, M. Gaétan Barrette, pour imposer un quota de patients aux médecins omnipraticiens. Ainsi, chaque omnipraticien serait tenu de suivre au moins 1000 patients sous peine de recevoir des pénalités allant jusqu’à 30% de leur salaire. Selon David Benrimoh, sénateur de la Faculté de médecine de McGill, «[cette loi] ne nous donne pas les ressources nécessaires pour faire notre travail. » À titre personnel, il ajoute qu’il trouve que « les deux enjeux [l’austérité et le projet de loi 20] se chevauchent, car c’est une manifestation de l’austérité que de demander aux médecins de faire plus avec moins de moyens, ce qui contribuera à une baisse dans la qualité des soins donnés. » Il précise cependant que les médecins veulent que leurs causes soient perçues comme séparées et plus spécifiques que le mouvement plus général contre l’austérité.

MSS n’est pas la seule faculté de médecine à manifester fermement son opposition au projet de loi 20. Les étudiants de l’Université de Sherbrooke et de l’Université de Montréal ont aussi choisi de poser un geste symbolique le 30 mars. En plus des étudiants, les doyens des facultés de médecine du Québec se sont unis dans un mémoire déposé en commission parlementaire pour dénoncer les répercussions du projet de loi. Le Dr. David Eidelman, doyen de la Faculté de médecine de l’Université McGill a contribué au mémoire et y a affirmé que le projet de loi risquait d’entraîner une dévalorisation de la médecine familiale. M. Benrimoh a d’ailleurs confirmé que la Faculté et les étudiants partageant la même opposition au projet de loi, la MSS s’est entendu avec la Faculté pour que les grévistes ne soient pas pénalisés pour leur absence le 30 mars.

Les votes à venir

L’austérité sera également à l’ordre du jour de l’Assemblée générale prévue le 26 mars par l’Association des étudiantes et étudiants en langue et littérature françaises inscrits aux études supérieurs (ADELFIES). Jolianne Gaudreault Bourgeois, présidente de l’ADELFIES, relativise : « Pour l’instant, ce n’est pas vraiment un vote de grève, mais plus l’occasion d’une plénière où les membres auront l’occasion de s’exprimer. » Elle précise cependant qu’au besoin, une Assemblée générale de grève pourrait être organisée avant le 2 avril.

Du côté de l’Association des étudiants en droit de McGill (AÉD), un référendum de grève par scrutin électronique aura lieu du 30 mars au soir au 1er avril en fin d’après-midi. Le référendum est divisé en deux questions, la première sur la tenue d’une journée de grève le 2 avril, et la deuxième pour une grève générale reconductible suivant l’annonce des résultats du référendum. Enfin, l’association des étudiants en études des femmes et de la diversité sexuelle de McGill (WSSA), qui représente 500 étudiants, tiendra un vote de grève le 31 mars.

Avec près de 50 000 étudiants déjà en grève contre l’austérité à travers le Québec, sans compter les étudiants en médecine opposés à des politiques plus spécifique du gouvernement libéral, le mouvement Printemps 2015 se précise au fil des semaines, mais atteindra-t-il des proportions comparables aux mobilisations de 2012 ?


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