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À chacun ses défis

Quels moyens l’Université met-elle en œuvre pour aider les étudiants en difficulté ?

Luce Engérant

Au sein d’une même université, il existe un large éventail de défis différents que les étudiantes et étudiants ont à relever. Rendre un travail ne représente pas la même difficulté pour tous, se rendre sans retard à un cours non plus. Les capacités physiques restreintes de certains étudiants les empêchent de suivre avec aisance le rythme imposé. Certaines associations permettent de leur venir en aide, dont le Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap (OSD) de McGill.

« J’ai bien hâte que la neige commence à tomber, qu’une couche de glace se forme, et que ma montée jusqu’au pavillon des sciences de l’éducation soit encore plus joyeuse qu’elle ne l’est déjà » ou « comment vais-je faire toutes mes lectures à temps pour le prochain cours ? J’ai deux romans à lire pour demain…»: les joies d’étudier à McGill sont nombreuses. Blagues à part, certains étudiants sont véritablement incapables de se rendre dans les salles de cours éloignées du campus, tout simplement parce qu’ils n’en ont pas les capacités physiques. Ou alors, les étudiants souffrant d’anxiété voient leur  anxiété exploser  à cause de leur  charge de travail ou de la période des examens, à un point tel qu’ils sont contraints, pour atteindre leur but, de redoubler d’efforts qui, sur papier, seront invisibles.

Les handicaps physiques et mentaux se manifestent sous différentes formes chez les étudiants de McGill. C’est là que le Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap fait son apparition, et fait de son possible pour rendre notre université aussi accessible que possible. Dans le cadre de la semaine de sensibilisation aux étudiants en situation de handicap  (Disabilities Awareness Week, ndlr) du 23 au 27 mars, Le Délit a rencontré Mme Tanya Beck, directrice de l’OSD.

Le bureau a été fondé il y a près de 25 ans, et depuis, la demande et la clientèle ont rapidement augmenté. Il n’y a pas qu’à McGill que les besoins des étudiants en situation de handicap se font sentir. Selon Le Devoir, la demande de services pour les étudiants handicapés dans les cégeps a augmenté de 475% entre 2007 et 2012, et a doublé dans les universités entre 2008 et 2013. À McGill en particulier, Mme Beck explique que le nombre d’étudiants qui ont recours à ce service est passé de 400 il y a cinq ou six années à près de 1650 à la fin du semestre d’hiver 2015. « Au début, il s’agissait surtout d’étudiants qui avaient des handicaps auditifs, visuels, physiques ou chroniques. Il se trouve qu’actuellement, la plupart de nos étudiants ont des handicaps invisibles. Des étudiants souffrants d’anxiété, de dépression, de trouble bipolaire, même de schizophrénie viennent nous voir ».

Selon les besoins, l’OSD offre différents services pour venir en aide à ces étudiants. Par exemple, l’OSD propose des salles de classe pour faire l’examen au bureau-même pour ceux qui ne peuvent pas se rendre au bon endroit. Les étudiants qui en ont besoin n’ont qu’à s’inscrire au bureau. « Parfois, explique Mme Beck, nous parlons aux professeurs et aux facultés pour voir s’il serait possible de changer de classe complètement pour la rendre plus accessible.» Pour les élèves ayant des déficiences auditives et visuelles, Mme Beck souligne la présence de technologues chargés de  transformer les manuels en braille ou en version numérique. Pour ce qui est des accommodements pour les élèves souffrant de troubles mentaux, le Bureau peut négocier avec les professeurs pour repousser les délais de remises de travaux : « Tout dépend des compétences que le professeur souhaite que l’étudiant développe, affirme la directrice. S’il n’est pas essentiel que l’élève remette son travail à une date précise, alors on peut négocier.» En d’autres termes, si remettre un travail dans un court délai est une des exigences du cours, alors ce genre de négociations est plus difficile à faire. « C’est du cas par cas.» Si cela ne marche pas, l’OSD peut aider l’étudiant à se créer un emploi du temps qui l’aidera à faire son travail de manière efficace, ou peut l’envoyer suivre des ateliers qui lui donneront des techniques de gestion du temps ou comment lire de manière efficace. Selon Mme Beck, il s’agit simplement d’aider l’étudiant à gérer son stress, de manière à ce qu’il réussisse son cours. Mme Beck répète plusieurs fois à quel point il est important pour eux de travailler main dans la main avec les facultés et professeurs : « Ils font partie intégrante de notre processus, ils nous aident à rendre le campus plus inclusif pour les élèves qui en ont besoin.» Ce processus est d’ailleurs utile pour les professeurs aussi. Catherine Leclerc, professeure au Département de langue et littérature françaises, est soulagée qu’il y ait un service qui s’en occupe : « Je trouve heureux que la tâche de juger des accommodements qui conviennent à tel étudiant ou telle étudiante n’incombe pas aux professeurs, puisque nous n’avons pas l’expertise nécessaire et que les risques d’arbitraire seraient trop grands. » 

L’OSD reçoit ses fonds du gouvernement du Québec. « Cette année, les fonds que nous avons reçus ont majoritairement été dépensés pour les services de notes de cours (un étudiant prend des notes pour un autre qui en est incapable pour quelconque raison, et c’est un service payé), et pour la surveillance d’examens (les surveillants sont embauchés par les deux coordonnateurs administratifs de l’OSD)», constate Mme Beck.

Au début de l’année 2015, selon Le Devoir, l’UQAM, à cause de coupes budgétaires, avait l’intention d’équilibrer son budget en utilisant près d’un million de dollars qui étaient destinés à son programme d’aide aux étudiants handicapés. Lorsque Le Délit a demandé à Mme Beck si l’OSD de McGill connaitrait également des coupures, elle nous a répondu que oui, mais qu’elle n’en savait pas grand-chose. « La seule chose que je sais, c’est que nous n’avons pas encore reçu l’argent pour la prochaine année fiscale.»

L’OSD travaille fort pour faire de McGill un lieu accessible pour tous les étudiants et étudiantes qui en ont besoin. Lorsque les contraintes physiques ou mentales font qu’il est difficile pour un élève de réussir dans son parcours universitaire, il est important que des services comme ceux de l’OSD soient offerts. Espérons seulement que McGill n’aura pas à faire les mêmes coupures que l’UQAM, et que le Bureau demeurera aussi fonctionnel qu’aujourd’hui. 


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