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Kill Bill : C‑51

Manifestation contre le projet de loi antiterroriste.

Eléonore Nouel

Pas moins de 800 participants se sont réunis le samedi 14 mars à 14 heures au parc Jarry pour la marche inaugurale du mouvement contre l’adoption de l’Acte antiterrorisme (Loi C‑51).

Sur les diverses pancartes, on pouvait lire « L’activisme n’est pas un crime », « Le terrorisme d’État n’est pas une solution » ou encore « RIP – Nos Droits et Libertés », tandis que la foule scandait le slogan « Harper terroriste, Trudeau complice ». L’ordre du jour était clair : le projet de loi C‑51 est une grave infraction au respect de la vie privée et au droit à la confidentialité. Un grand nombre de participants se sont présentés avec une bande de ruban adhésif sur la bouche, symbolisant l’effet que va avoir la loi C‑51 sur leur liberté d’expression. « Nous sommes la voix aux sans voix » ont proclamé les organisateurs de la manifestation. Ils ont par la suite dénoncé la création d’une police d’État qui va à l’encontre des libertés et droits des canadiens, et ont même déclaré tout partisan de cette loi un « ennemi du peuple ». La marche a été ponctuée par des discours de personnalités des différents partis d’opposition. Thomas Mulcair du Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD) a déclaré avant le début de la marche que « nos libertés sont inaliénables et nous allons les défendre à chaque étape », et assuré que cette marche n’était « que le début d’une bataille pour maintenir nos droits et libertés ». M. Mulcair n’a cependant pas pris part à la marche elle-même avec les manifestants. 

Souvent associé à un Patriot Act à la sauce canadienne, le projet de loi antiterroriste propose l’amendement d’une douzaine de lois canadiennes, incluant le code pénal. Cette large réforme du droit canadien se veut agressive face à un large éventail de possibles menaces envers la sécurité nationale. En effet, elle obligera un plus grand partage d’information entre les différentes agences gouvernementales, inclura une large réforme de la sécurité du secteur aérien et de l’immigration, et élargira de façon considérable la mission du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). C’est cette dernière partie qui est la plus controversée. Avec cette nouvelle loi, le SCRS s’éloigne de son rôle relativement passif pour s’engager de façon plus agressive dans la lutte contre le terrorisme, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. Cette législation se veut une réponse à la récente augmentation des attaques terroristes sur le sol canadien. Dans une entrevue avec CBC, Edward Snowden, l’ancien agent de la NSA, a jugé que, avec cette loi telle quelle, le SCRS manquait cruellement de supervision.

La marche s’est terminée devant le bureau du chef libéral Justin Trudeau, situé devant la station de métro Jarry. Ce dernier a déclaré lors d’un discours à Vancouver la semaine dernière qu’il soutenait le projet de loi, d’où la décision de finir la marche devant son bureau. Il a expliqué qu’il voulait éviter « la capitalisation politique d’un sujet aussi important que la sécurité de la part du camp Harper », mais qu’il promet, tout comme l’ont fait tous les autres chefs des partis d’opposition, de rectifier cette loi s’il est élu aux prochaines élections. Plusieurs intervenants ont pris la parole devant les bureaux de M. Trudeau, du Parti vert ou encore du Parti communiste du Québec. Daniel Green, du Parti vert du Québec (PVQ), a fait remarquer que « le pétrole sale a tué plus de personnes au Québec que la menace terroriste », faisant référence aux événements de Lac Mégantic.


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