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« Enfin, my dear James, désengagez-vous ! »

Éditorial.

Luce Engérant

« Comment l’appellerons-nous ? » Journal aux inclinations religieuses le lundi soir, on murmure que Le Délit ne vivrait que pour baptiser ses sujets. Or il se trouve que l’Université McGill, avec ses milles et une associations étudiantes aux noms intraduisibles et intraduits, fournit un bassin sans pareil pour notre lubie évangéliste. Aujourd’hui, chers frères et sœurs et transgenres, le peuple des Déliites accueille un cas problématique, celui de Divest McGill, l’association étudiante militante la plus en vue du moment. Comment, en effet, accueillir dans notre communauté de valeurs cet organisme dont le nom lui-même nous est tout un problème ?

Trêve de bigoteries. À ce jour, McGill place près de 5% de son fonds de dotation dans des entreprises liées aux sables bitumineux, soit environ un milliard de dollars. Ces actifs sont répartis sur une trentaine de compagnies du secteur des hydrocarbures. Parmi celles-ci figurent certains des plus grands noms de notre ère, à savoir British Petroleum, TransCanada, Chevron ou encore Repsol. Épargnez McGill demande ni plus ni moins le retrait intégral et immédiat des investissement de l’Université dans ces entreprises polluantes.

Après avoir obtenu le soutien de l’Association Étudiante de l’Université McGill et de l’Association des étudiants des cycles supérieurs de l’Université McGill, c’est au tour du corps professoral de prendre position en faveur du mouvement écologique.

Dans une lettre remise lundi dernier à l’administration, plus d’une centaine de professeurs de McGill se sont officiellement prononcés pour le « désinvestissement » de l’Université des industries polluantes, appui considérable pour Désengagez McGill.

À notre tour, journaux étudiants, The McGill Daily, Le Délit et le McGill Tribune lui dédions nos éditoriaux de cette semaine. Pour Le Délit, il ne fait pas un doute qu’à court terme, l’Université McGill doive suivre l’exemple de Concordia, qui a décidé en novembre dernier de transférer cinq millions de ses actifs dans un « fonds de placement durable », et qu’à long terme elle se désinvestisse entièrement de ses actifs, à l’instar de l’Université de Glasgow qui décidait le 8 octobre 2014 de réinvestir autrement ses 18 millions de livres sterling en industries fossiles, se donnant pour ce faire une période de dix ans. Nous encourageons donc, sans réserve aucune, l’action de Dépouillez McGill et souhaitons à tout étudiant qui croise son chemin de bien vouloir signer la pétition de l’association, et de grossir ainsi le nombre déjà pertinent de 1400 signataires. À moins que Divest McGill ne nous propose une meilleure traduction, le mot de code sera le suivant : « Dear James, quand diable vous déssaisirez-vous ? »


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