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Une seule devise : liberté

Le président et moi avons délibéré sur Students for Liberty. 

Mahaut Engérant

Peut-être avez-vous déjà entendu parler du réseau Students For Liberty (SFL). Cette association étudiante, créée en 2008 aux États-Unis par Alexander McCobin, remporte un vif succès. Son objectif ? Promouvoir le libéralisme. L’idée principale est de réduire le contrôle gouvernemental au maximum pour permettre l’acquisition d’une société où l’individu pourrait jouir pleinement de sa liberté.

L’idée paraît utopique, mais la réalité, c’est que le réseau compte aujourd’hui environ 1100 organisations étudiantes à travers le monde. J’ai rencontré le directeur de Students for Liberty Paris, Christophe Seltzer, pour débattre avec lui de la question. Ses yeux brillent chaque fois qu’il parle de l’association qu’il dirige ; libertaire dans l’âme, il n’a cessé de me parler des dérives de l’État et du gouvernement qui l’ont peu à peu poussé vers une soif de liberté absolue. 

En effet, les divers scandales tels que la surveillance massive du gouvernement américain dénoncée par Edward Snowden, les divers plans économiques à travers le monde pour tenter d’enrayer la crise de 2008 et les autres régulations économiques gouvernementales relèvent, pour lui, de l’atteinte à la liberté de l’individu. En réitérant ces arguments, Christophe Seltzer m’a rendu crédible sa vision de la liberté. Du point de vue de Students for Liberty, le gouvernement exerce mal son rôle de régulateur. Il m’apparaît donc logique de tendre vers une société où l’individu est responsable de lui-même et où les interactions se font sans le contrôle d’une entité supérieure qui interfère, entre autres, dans les affaires économiques.

Les revendications de SFL ne se limitent pas au domaine de l’économie : la liberté civile est aussi mise sur le tapis. Un exemple dont le président de l’association française m’a fait part est celui de la concrétisation du projet de Xavier Niel, fondateur de Free mobile. Il a créé 42, une école d’informatique qui accueille des étudiants depuis novembre 2013. Cette idée a suscité beaucoup de sympathie chez les libertaires. Une académie accessible sans diplôme, gratuitement et par le biais d’une sélection à laquelle quiconque peut se soumettre incarne, pour SFL, le futur de l’éducation. C’est le modèle d’une école libre de former les cerveaux qu’elle souhaite, sans formalités qui puissent interagir avec le talent de ses élèves. 

Je me pose cependant une question quant à l’absence de régulation par l’État : si l’individu est capable de libérer la société pour entreprendre et interagir sans contrainte, qu’en est-il du port d’armes, des drogues et du meurtre dans une société où le gouvernement n’est plus présent pour assurer les fonctions régulatrices essentielles ? Et quels recours peuvent avoir des étudiants si la seule instance dont ils dépendent est l’école qui les forme ? Est-ce que cela ne laisse pas place à d’autres sortes d’abus ? Le débat est loin d’être clos pour SFL, mais si la tendance se maintient, l’organisation a de beaux jours devant elle. Pour ma part, je ressors de cet entretien perplexe. Moi-même aspirant à une société à l’image du Premier Empire, réorganisée et puissante économiquement, je m’interroge sur la réussite possible des libertaires quant à leur combinaison liberté-ordre social. Quoi qu’il en soit, les premières conférences de Students for Liberty se sont tenues au Québec vendredi dernier, le 23 janvier, et je ne saurais attendre de voir si le succès sera aussi franc qu’en France où l’on compte déjà neuf associations étudiantes affiliées au réseau international.


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