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William, le talent bienfaisant

Group Theory

En présentant le documentaire William & the Windmill, la branche mcgilloise de la Société nationale des ingénieurs noirs et le MasterCard Foundation Scholars Program, destinés à accompagner financièrement les nouveaux talents africains désavantagés économiquement, semblent s’être donné la mission de sensibiliser les étudiants choyés aux difficultés économiques qui bloquent l’accès à l’éducation pour d’autres.

L’histoire commence dans un petit village du Malawi et raconte comment un jeune adolescent, William Kamkwamba, fabrique une éolienne avec des matériaux trouvés sur un terrain vague. Il parvient à alimenter sa maison en énergie si bien qu’il acquiert une réputation qui le conduira jusqu’à une conférence TED (Technology, Entertainment & Design) en Tanzanie. Le garçon est ensuite pris en charge par Tom Rielly, l’un des dirigeants de la fondation américaine TED avant d’écrire une autobiographie dont le succès est international : The Boy Who Harnessed the Wind. Le documentaire rend bien compte du conflit constant entre la médiatisation volontaire du garçon et sa réussite individuelle. Entre l’opportunité d’effectuer de grandes études et la possibilité de récolter des fonds pour un village, le cas de William pose la question de la gestion d’une gloire fulgurante dans un milieu qui peine économiquement. L’histoire semble dire que l’équilibre se trouve dans l’extraordinaire humilité du garçon qui lui permet de continuer à aider son village en construisant, entre autres, une nouvelle école. La force du documentaire réside ainsi dans le sentiment de profonde humanité communiqué par le contraste assumé entre la nouvelle vie de William étudiant au Dartmouth College appartenant à la Ivy League et l’évolution d’un village bouleversé par le génie d’un de ses enfants. 

De manière plus générale, le visionnement de William & the Windmill interroge la manière de mettre en avant les jeunes talents d’Afrique et l’épanouissement d’une génération confrontée aux nouveaux enjeux d’un continent de plus en plus imposant. Alors qu’il avait été, comme bien d’autres, obligé de quitter l’école secondaire en raison de l’extrême pauvreté de sa famille, William Kamkwamba se retrouve inscrit dans un lycée sud-africain prestigieux ayant pour but de former les futurs leaders du continent (African Leadership Academy) avant ses études supérieures à Dartmouth College. Peut-on simplement justifier cette ascension par une persévérance admirable ? Le concours de circonstances et l’éclair de génie ont manifestement joué leur rôle et le cas du jeune homme demeure exceptionnel. La question de l’accès à l’éducation et plus spécifiquement à un enseignement supérieur de qualité se pose pour des millions d’enfants et d’adolescents africains dans un temps où la majorité des modèles économiques s’entendent sur l’importance de l’éducation dans le développement économique. La génération à venir pourra-t-elle jouir d’un enseignement plus accessible, aidée par quelques coups de pouce comme celui de William ? 

Un documentaire comme celui-ci, plein d’espérance, d’enthousiasme et d’humanité donne à voir aux étudiants que la question économique est indissociable de l’accès à l’éducation, que le talent est une chose, mais qu’il doit être soutenu financièrement pour pouvoir répandre efficacement ses retombées bénéfiques.


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