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Une Charte des valeurs 2.0

Drainville a présenté la nouvelle version de la Charte des valeurs du Parti Québécois.

Bernard Drainville, le député de Marie-Victorin, a présenté jeudi dernier une nouvelle version de la Charte des valeurs dans le cadre de la course à la chefferie. La version 2.0 de l’ancien projet de loi très controversé contient quelques modifications et tend plus vers le compromis que la première version présentée aux Québécois. Une des modifications les plus importantes est l’inclusion d’une clause des droits acquis, ou clause Grand-Père. La réglementation ne toucherait pas les actuels fonctionnaires de l’État mais la laïcité serait atteinte de façon progressive alors que tous les nouveaux employés seraient soumis à la Charte. Cela permettra d’intégrer la nouvelle réglementation sans revenir sur les conditions de travail déjà obtenues par les employés. La clause Grand-Père avait déjà été utilisée lors de l’adoption de la Loi 101 au Québec en 1977 et avait facilité l’adoption de la loi de René Levesque à travers le Québec. Jean-François Lisée a même remercié son adversaire à la chefferie d’avoir intégré « sa proposition » de clause Grand-Père dans un communiqué, lui qui avait jadis recommandé cette clause.

Contrairement au projet de loi présenté en 2012, la Charte 2.0 exclut l’adhésion des universités. Selon M. Drainville, « lorsqu’on étudie dans un établissement d’enseignement supérieur, on est moins influençables sur le plan de l’identité religieuse », a‑t-il déclaré en entrevue avec Benoit Dutrisac au 98.5 FM. Du même coup, il évite un possible mouvement de contestation de la part des étudiants.

La présentation de la Charte 2.0 arrive moins de deux semaines après les attentats à Paris. Toutefois, Bernard Drainville assure qu’il ne fait pas d’opportunisme politique. Certains l’accusent de profiter des événements autour de l’attentat de Charlie Hebdo pour faire mousser son projet et sa candidature mais le député de Marie-Victorin se défend en affirmant que la présentation de la Charte 2.0 avait été annoncée avant Noël : « repousser à plus tard [le débat sur la laïcité], c’est céder aux extrémistes et leur donner raison », a‑t-il déclaré à La Presse.

Bien conscient de son statut de député de l’opposition et de l’adoption quasi-impossible de la Charte 2.0 dans les trois prochaines années, Bernard Drainville appelle le premier ministre Philippe Couillard et son gouvernement à déposer leur projet de loi sur la laïcité. Lors de la campagne électorale, le chef du PLQ avait affirmé qu’une version libérale de la Charte serait adoptée dans la première année de pouvoir. Ce projet de loi se fait toutefois encore attendre.

Jeudi dernier, la ministre Stéphanie Vallée affirmait qu’un projet libéral sur la laïcité serait déposé avant l’été. Moins de 24 heures plus tard, le premier ministre Couillard disait que ce serait plutôt avant la fin du mandat qu’avant l’été, brisant potentiellement sa promesse de déposer un projet de loi dans la première année de son mandat. 

Chez les jeunes libéraux de McGill, on réitère le désir de rassembler plutôt que de diviser les Québécois autour de la question des accommodements raisonnables et de la lutte à l’extrémisme : « Notre gouvernement mettra en place tous les efforts pour que le débat ne dérape pas comme cela fut le cas sous la direction du Parti Québécois qui a présenté un projet ayant pour but de diviser plutôt que de rassembler », commente Julie Thibault, v.-p. aux relations internes de l’association en entretien avec Le Délit. De plus, toujours pas question d’interdire le port de signes religieux dans la fonction publique : « le projet se voudra inclusif et consensuel », ajoute-t-elle. 


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