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Anonymous contre le SPVM

Les hacktivistes menacent la police de Montréal à la suite de l’expulsion de sans-abris.

Matilda Nottage

Le campement improvisé du square Viger, situé près du Vieux Port, un lieu choisi par beaucoup de sans-abris pour passer les nuits glaciales de l’hiver montréalais, a été démantelé par des bulldozers d’équipes de la ville sous la supervision du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) le 7 janvier dernier. « Ce soir, on ne veut pas qu’ils dorment ici. Ils devront dormir ailleurs », a déclaré à CBC News Laurent Gingras, le Sergent relations médias de la police de Montréal. La manière dont le démantèlement du camp a été conduite, plutôt violente et par un froid de ‑22 C, a choqué de nombreuses personnes, dont le groupe Anonymous qui a décidé de réagir en confrontant le SPVM.

Souci de santé, ou souci de beauté ?

Difficile de discerner les réelles intentions derrière cette expulsion. Laurent Gingras avait défendu l’opération en invoquant la propreté et la santé publique. En effet, de nombreuses seringues utilisées par les habitués du square et autres déchets ont également été retirés le 7 janvier. Il est aussi possible que le but de cette opération ait été de forcer la population du square Viger à passer la nuit dans des foyers, plutôt qu’à l’extérieur où les conditions météorologiques auraient pu s’avérer fatales. Cependant, beaucoup de sans-abris préfèrent dormir dehors, malgré les températures extrêmes, plutôt que de dormir dans les foyers qui sont souvent surpeuplés et parfois dangereux. De plus, le choix de ce square situé près du quartier touristique du Vieux-Port plutôt que d’autres parties de la ville où les sans domiciles fixes trouvent aussi refuge semble indiquer un souci d’esthétisme plutôt que d’éthique. Enfin, l’opération n’a pas simplement consisté en un tri des objets dangereux telles les seringues contaminées : des photos montrent des bulldozers poussant une montagne de coussins, sacs de couchage, sacs à dos et autres objets variés. 

Anonymous à la défense des itinérants

Les images de l’intervention ont consterné beaucoup de Montréalais. Elles ont poussé le groupe « hacktiviste » Anonymous à intervenir. Le groupe, dont la branche québécoise milite sous la bannière Op Safe Winter Montréal [Opération hiver en toute sécurité Montréal, ndlr], avait fait parvenir le 23 décembre dernier des couvertures et autres commodités aux sans-abris du square Viger, lesquelles ont été confisquées lors du démantèlement. En réaction, Anonymous avait appelé les internautes à l’occupation du square Viger le 11 janvier lors d’un communiqué accompagné d’un vidéo publié en ligne le même jour. Le groupe y a également dénoncé les actions du SPVM et accusé la police d’avoir commis « un acte de guerre contre les plus pauvres des pauvres ». Le communiqué réclamait également un moratoire permanent, interdisant la destruction de camps de sans-abris pendant l’hiver, du 1er décembre au 1er mars. Enfin, le 12 janvier, Anonymous a attaqué le site du SPVM à travers une avalanche de courriels, le rendant temporairement inaccessible. Aucune donnée n’aurait été compromise. Anonymous n’a donc pas connu un grand succès dans sa campagne de soutien à la population itinérante du square Viger et contre le SPVM. Le groupe a cependant annoncé qu’il reviendrait occuper le square, cette fois en plus grand nombre. 


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