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L’écho des marches républicaines

Montréal organise la plus grande manifestation du 11 janvier hors de France.

Cécile Amiot

Ils étaient plus de 25 000 à marcher dans les rues de Montréal ce dimanche selon le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) en hommage aux victimes des attentats de Paris des 7 et 8 janvier. Des citoyens québécois, français, canadiens et d’autres nationalités, autant de Montréalais rassemblés pour une révérence de taille, en écho aux marches républicaines qui battaient les pavés français ce jour-là, rassemblant près d’1,5 million de personnes dans la capitale, et 2,5 millions d’autres en Province. Ainsi que de nombreuses villes de part le monde, Montréal aura été l’objet d’une de ces manifestations spontanées qui ont éclos à la suite de la tuerie de Charlie Hebdo. Et son hommage n’est pas des moindres puisqu’il s’agit du plus grand rassemblement organisé hors de France, devant la marche de Bruxelles qui a fédéré plus de 20 000 personnes. De la Place des Arts au Consulat de France, situé sur l’avenue McGill College, un long et silencieux serpent humain a défilé plusieurs heures durant, commémorant la mémoire des victimes et manifestant pour le ferme maintien de la liberté d’expression.

À l’origine de ce rassemblement se trouve un collectif de citoyens issu de la communauté française de Montréal. Appelé « Je Suis Charlie », il est composé d’une quinzaine d’organisateurs et d’une vingtaine de bénévoles. Pour Anne-Sophie Courtois, une des organisatrices, tout est allé très vite : « On s’est organisé spontanément, on s’est rejoint, on ne se connaissait pas pour la plupart il y a encore trois jours ». Cette marche, ils la souhaitaient apolitique : « on voulait se rassembler autour de valeurs qui nous sont chères : la liberté d’expression, la démocratie, et la liberté tout court, qui est un des piliers de notre république ». 

Parmi les affiches et les drapeaux défilant dans le froid, on retrouve d’autres couleurs en plus des drapeaux français, québécois et canadiens, celles des patriotes canadiens et celles d’Israël. Les pancartes « Je Suis Charlie » ont beau ne pas être légions comme ailleurs, le recueillement est là. Moment rare où un peuple exprime son soutien et sa solidarité envers un autre. En entrevue avec Le Délit, le consul de France à Montréal, Bruno Clerc, exprime sa gratitude : « C’est un témoignage très fort de solidarité qui est adressé au peuple français, et singulièrement à la communauté française de Montréal […] se sentir ainsi soutenu, appuyé, entouré, ça fait chaud au cœur dans ces moments difficiles ». 

Le maire de Montréal, Denis Coderre, avec qui Bruno Clerc marchait aux premiers rangs, s’est dit « fier » que beaucoup de ses concitoyens se soient joints à cette marche. Et le Consul de France n’en néglige pas la portée symbolique : « Au-delà de ces témoignages de sympathie pour les victimes, les proches et les français, c’est aussi la manifestation d’un attachement, — j’allais dire viscéral —, aux valeurs que porte la France : la république, la démocratie, la liberté, la liberté d’expression notamment ». 

Des marches du même ordre ont aussi été organisées ailleurs au Québec et au Canada, rassemblant plus de 2000 personnes à Québec, 500 à Ottawa sur la Place de la Confédération et 500 autres à Toronto sur la Place Nathan Phillips.


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