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Une vie de referenda

Soutien au McGill Tribune 

Luce Engérant

« Il y a deux ans à peine, il y a deux ans déjà. Ma mémoire est incertaine mais mon cœur lui n’oublie pas ». Feu Mort Shuman avait les mots pour rappeler le référendum que nous tenions en 2012 sur l’existence de la Société des Publications du Daily, société qui comprend Le Délit mais aussi notre fausse jumelle : The McGill Daily. Ce référendum était le deuxième depuis 2003, année terrible où l’Université a décidé de soumettre au vote l’existence des associations étudiantes indépendantes tous les cinq ans. Nous l’avions remporté à 76%, 4% de moins qu’en 2008, mais 76% tout de même.

Cette semaine, c’est au McGill Tribune de vivre son premier référendum. Ce qu’il doit mettre en jeu, c’est les trois dollars perçus par étudiant chaque semestre. Moment clé dans la vie d’une association étudiante, ce vote traduit la confiance que le corps étudiant lui porte. En cas d’échec, sans autre forme de procès, les tabliers sont rendus et la clé mise sous la porte. 

Si nous ne considérons pas le Tribune comme l’arbitre des élégances et que, par bien des côtés, nous pourrions en médire, reste que nous sentons pour lui quelques sympathies à l’heure des grandes phrases. Bien entendu, nos lignes éditoriales, éthiques et esthétiques diffèrent en maints lieux mais voyez vous, nous vivons du même pain, celui des étudiants dans un premier temps, celui du reportage dans le second. Et quel temps celui-là ! Insaisissable esprit de notre société ! Combien de fois par jour tentons nous de te dire, de t’écrire, de t’expliquer ?  L’étudiant-journaliste est semblable à Sisyphe, roulant sa pierre immense sur le flanc d’une butte. Arrivé au sommet, la pierre lui échappe et il faut repartir… Recommencer, tomber, recommencer, tomber, recommencer jusqu’à l’oubli du monde. Voilà ce que c’est que de déjouer la Mort ! C’est parce que nous roulons la même pierre avec le Tribune que nous lui apportons notre soutien en vue de son référendum. La diversité des pratiques est une chose à laquelle nous tenons, n’oublions pas que c’est en son nom que nous sommes apparus un beau matin de 1977. 

Mais il se fait tard. Nous sommes déjà à la mi-novembre et ceci est la dernière publication du Délit pour l’année 2014. Les opportunistes que nous sommes en ont profité pour faire un numéro de 20 pages au lieu de 16. Bonne lecture donc, et bonne chance.


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