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Les amours de Stéphanie Lapointe

La chanteuse lance un nouvel album exécuté avec finesse et avec de nombreux collaborateurs.

SIMONE RECORDS

Mercredi 5 novembre, six heures du soir. Dans l’ambiance feutrée et agréablement rétro du Cabaret La Tulipe, la foule commence tranquillement à s’amasser jusqu’à finalement remplir la salle. Au-dessus de la scène encadrée d’épais rideaux rouges on voit, suspendus aux bouts de fils, de délicats luminaires de jardin qui dégagent une lumière dorée, alors que d’autres du même genre traînent un peu partout sur le sol ou sur des tabourets. L’effet qui s’en dégage sied bien à la chanteuse Stéphanie qui se présente alors sur scène, classique et délicate, pour lancer son album qui se pose à mi-chemin entre hier et aujourd’hui. Accompagnée de cinq musiciens et avec la chanteuse Émilie Laforest en guise de choriste, elle se lance à l’eau avec la chanson « La fuite », premier extrait lancé de son nouvel album Les amours parallèles. Dans la douceur enfantine de la voix de l’interprète perce une force et une stabilité qui affirment sa maturité accomplie depuis des années déjà. On note son style vestimentaire qui semble inspiré avec justesse des muses de Gainsbourg dans la France des années 60 : frange éméchée qui encadre un joli visage de gamine, une petite robe de soie qui ferait office de chemise bien modeste chez d’autres, élégante veste noire, ainsi que des collants et de petits bottillons également noirs.

Sa première chanson achevée, elle accueille le public avec bonheur et reconnaissance, charmée de voir la salle du cabaret pleine. Elle explique alors que cet album qui vient cinq ans après son dernier, Donne-moi quelque chose qui ne finit pas, elle a eu la chance de le faire « entourée d’auteurs fabuleux ». En effet, ses nombreux collaborateurs sont parmi ce qu’il se fait de mieux en termes d’écriture sur la scène musicale montréalaise en ce moment : Jimmy Hunt, le groupe Forêt, Philémon Cimon, ainsi que la poète Kim Doré. Ce sont donc les mots de Philippe B qu’elle incarne dans la chanson éponyme de l’album « Les amours parallèles », alors que les lampes au-dessus d’elle virent doucement au rose. 

Stéphanie Lapointe s’apprête alors à interpréter une autre de ses chansons dont elle dit avoir été vraiment touchée à la première écoute, mais invite d’abord son auteur Philémon Cimon à la rejoindre pour ce qui s’avère être un duo charmant. Nonchalamment et le verre de vin à la main, le chanteur vient la rejoindre et, installés côte à côte sur des tabourets, accompagnés seulement d’une guitare, ils chantent dans une harmonie complète du début à la fin la chanson « De mon enfance », empreinte de la nostalgie et de la fragilité de grandir. 

Elle poursuit alors seule avec « Nous revenons de loin » dont le texte et la musique ont été composés par Stéphane Lafleur, sa voix rehaussée de réverbérations profondes. Maintenant rendue à l’heure des remerciements, la chanteuse précise que cet album est « un projet qui s’est construit dans une totale intimité » et remercie chaleureusement sa maison de production Simone Records pour la confiance qui a permis une telle réalisation. Puis elle offre au public une reprise de « Un jour comme un autre », chanson qui faisait partie du répertoire de Brigitte Bardot, avec suffisamment d’arrangements nouveaux pour que la Québécoise parvienne à la faire sienne. Pour adorner la mélancolie des paroles, les lumières suspendues deviennent alors bleues. L’interprète n’hésite pas à osciller entre la note et le murmure pour bien transmettre l’émotion des mots que Gainsbourg a offert à son égérie d’autrefois.

Il apparait évident que la chanteuse prend un réel plaisir à ainsi renouer avec la scène, après une absence causée par d’autres projets, dont des apparitions au cinéma et l’écriture de romans jeunesse. Elle nous offre donc une autre performance, « même si un lancement, ça doit être court ! » avoue-t-elle en souriant. Et elle clôt la soirée avec, quoi d’autre, une chanson de Jane Birkin, puisque les amantes de Serge sont à l’honneur en cette romantique soirée de novembre. Accompagnée de son réalisateur Joseph Marchand à la guitare, elle berce son public conquis des paroles de « Pourquoi » en lui disant sereinement et en douceur : « Je vais tenir ta tête/ Et dire comme une prière/ Pardonne les silences/ D’hier ».


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