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Contre l’austérité

Rassemblement pour dénoncer les restrictions économiques du gouvernement.

Emma Combier

Les mesures d’austérité du gouvernement libéral de Philippe Couillard ont été contestées par environ 50 000 manifestants – chiffre avancé par les organisateurs – dans la manifestation qui a eu lieu près du bureau du premier ministre, au croisement des rues Sherbrooke et McGill College, vendredi 31 octobre à 11h. C’était le deuxième rendez-vous dans la lutte contre l’austérité depuis la manifestation organisée par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) le 3 avril dernier.  Plus de 15 000 sympathisants avaient alors dénoncé le projet de hausse du coût des études universitaires au Québec. Ce projet n’a finalement jamais vu le jour.

La manifestation avait une allure dynamique malgré le sentiment général de désenchantement, voire de méfiance. Aux sons de percussions, de rap et de reggae,  se déploient des pancartes aux slogans allant du spécifique : « handicapés citoyens de seconde classe » et « sauvons les centres d’éducation populaires » au populaire : « groupes sociaux en colère contre vos mesures austères ». L’ASSÉ, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Centre de réadaptation en déficience intellectuel et en troubles envahissants du développement (CRDITED), Divest McGill, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) sont autant d’associations hétéroclites présentes devant les bureaux de la HSBC lors du rassemblement, offrant un large spectre de la société québécoise en marche. Tandis que les manifestants scandent l’éternel : « Crions plus fort pour que personne ne nous ignore» ; Louise Boulanger, militante de la CSN  dit avoir « perdu toute confiance en ce gouvernement qui a fermé la porte sur la classe moyenne » soulignant surtout que « les aides sociales sont en train de mourir ».  Gabriel, professeur en philosophie au Cégep de St-Jérôme, se prononce lui aussi sur la classe moyenne qui est « toujours la seule à se serrer la ceinture, pour des mesures idéologiques que l’on fait passer pour du nécessaire – l’austérité ».

La classe moyenne qui est « toujours la seule à se serrer la ceinture, pour des mesures idéologiques que l’on fait passer pour du nécessaire – l’austérité »

Pendant ce temps les quelques 32 policiers du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) sont postés de l’autre côté de la rue, à l’attente d’ordres leur permettant de mettre en vigueur le règlement P‑6 (voir article du Délit « L’ordre au-dessus de la paix » édition du 28.10.2014) afin d’avorter le rassemblement considéré comme illégal. En effet, les organisateurs n’avaient pas donné leur itinéraire aux autorités, ayant de surcroit bravé le règlement vestimentaire, puisque en cette journée d’Halloween, beaucoup sont déguisés et masqués pour cette double occasion. Si les agents sont calmes et se tiennent à l’écart, aucun d’entre eux ne veut se prononcer sur la démonstration. Un à un ils prononcent des phrases similaires : « on fait notre travail » et « on attend les ordres pour agir, tranquilles, voilà tout ».

À 11h54 le cortège se mobilise et marche vers l’est sur la rue Ste-Catherine. Vers 13h45 la démonstration s’arrête. Certains groupes, cependant, continuent de défiler jusqu’à 15h, après quoi ils se dispersent dans les stations de métro avoisinant Ste Catherine. 

Contrairement aux derniers rassemblements d’envergure (celle du 15 mars contre la violence policière par exemple) aucune arrestation n’a eu lieu. Ce choix donne lieu à un questionnement : le SPVM a‑t-il reçu l’ordre de ne rien faire étant donné l’ampleur du mouvement social ? Pour Camille Godbout, porte-parole de l’ASSÉ, il est bon de faire savoir au gouvernement «[qu’]il doit s’attendre à un automne chaud et chargé ». Un forum sur le même thème a lieu aujourd’hui à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et d’autres journées d’action contre l’austérité auront lieu les 3, 6, 12 et 27 novembre pour des journées d’action contre l’austérité. 


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