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Sus au stigmate

« Montréal marche pour la santé mentale. »

Gwenn Duval

Au moins 600 personnes de tous âges, dont une certaine proportion d’étudiants, ont participé à l’événement « Montréal marche pour la santé mentale », dimanche dernier. Rassemblés vers 10h à la place Phillips, ils ont défilé pendant plusieurs heures en brandissant des panneaux prônant la tolérance et la compréhension. Ils estiment que les malades sont souvent stigmatisés et négligés ; leurs troubles inquiètent et sont souvent méconnus par le grand public. « On a plus de services pour les écureuils et les chiens errants que pour les patients ! », lâche un manifestant.

Bon nombre des individus présents sont des représentants d’associations travaillant dans le domaine de la santé mentale ; d’autres sont déjà impliqués dans cette cause. Le mot d’ordre : plus les gens seront sensibilisés aux maladies mentales, plus vite et plus naturellement disparaitronstles stigmates. Julie, membre de la communauté de pratique sur le rétablissement, avance que cette distance prise par les proches est un poids très lourd sur les patients. « C’est à tous les niveaux que la stigmatisation se manifeste : dans la famille, avec les proches, dans le milieu scolaire, dans le milieu de travail, explique-t-elle. Il ne faut pas non plus négliger l’auto-stigmatisation. »

Pour Catherine Lachance, conseillère clinique pour Maison l’Échelon : « c’est la société qui est malade ; il faut la rendre plus saine. » Elle critique le regard psychiatrique, trop scientifique selon elle. « On ne peut pas réduire l’expérience qu’une personne vit à une maladie », explique-t-elle. La réalité des personnes atteintes de troubles mentaux serait donc beaucoup plus complexe et nécessite une approche plus sociale, basée sur l’accompagnement et la compréhension.

La diversité des profils de manifestants révèle l’ampleur du problème : tout le monde peut être atteint de troubles mentaux. Il est cependant à noter que la recherche dans ce domaine est sous-financée. Selon le site Internet des organisateurs de l’événement, seulement 5,5% des budgets de santé au Canada y étaient consacrés en 2008, pour environ 10% de la population vivant une maladie mentale.

Santé mentale à l’université

Une bonne dizaine d’étudiants présents représentaient le McGill Students’ Chapter of Jack​.org, une association visant précisément à éliminer le stigmate autour des maladies mentales, notamment sur le campus. Selon la porte-parole, Aanya Sagheer, bien que McGill offre de très bons services en matière de santé mentale, « il y a toujours beaucoup de gens qui ne cherchent pas d’aide, qui se sentent seuls ou qui ont honte de parler de ce qu’ils traversent, ou peut-être qu’ils ne comprennent même pas ce qu’il leur arrive ». Il est donc primordial de continuer à déconstruire progressivement ces tabous, sur le campus et ailleurs. La santé mentale, bien qu’elle puisse passer inaperçue de par sa nature, est un enjeu de taille dans le milieu universitaire. La journaliste Kate Lunau indiquait dans un article publié dans MacLean’s en 2012 qu’environ un quart des étudiants canadiens expérimentait des troubles mentaux, le plus souvent sous forme de stress, d’anxiété ou de dépression, mais pouvant aller parfois jusqu’au suicide. Le McGill Students’ Chapter of Jack​.org était par ailleurs impliqué dans l’organisation de la conférence sur le même sujet Students in Mind, qui a également eu lieu dimanche dans le pavillon Shatner. 


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