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Une souverainiste en Écosse

Petites impressions d’un moment historique.

Après plusieurs mois d’attente, nous nous trouvons enfin à quelques jours du référendum écossais qui marquera fort probablement l’Histoire, et qui aura assurément des répercussions sur le Québec. N’ayant pas vécu le référendum québécois en 1995, je n’avais qu’une vague idée de ce qui m’attendait lors de mon voyage en Écosse. À ma grande surprise, cette campagne pour l’avenir d’un pays se fait plutôt discrète dans les rues achalandées d’Édimbourg. Certaines publicités incitant les citoyens à voter le 18 septembre parsèment les trottoirs, et quelques Édimbourgeois s’affichent avec audace aux fenêtres de leurs appartements, mais sans plus. On est bien loin des campagnes électorales québécoises (tous partis confondus) où une vaste partie du budget est consacrée à l’affichage exagéré de pancartes. Un bon point pour l’environnement et les finances de la campagne, mais mon cœur de souverainiste enthousiaste était tout de même un peu déçu.

C’est finalement en parcourant les jolies rues de la capitale que j’ai obtenu quelques réponses. Étant une jeune étudiante plutôt dépendante d’Internet, je me trouvais dans un café Starbucks sur le fameux Royal Mile quand j’aperçus de l’autre côté de la rue un homme qui se promenait fièrement avec un carton « Yes Scotland » (c’est la campagne à la fois multipartite et non partisane pour le Oui au référendum sur l’indépendance de l’Écosse qui se tiendra le 18 septembre. Ce mouvement rassemble le Parti national écossais, le Parti vert écossais, le Parti socialiste écossais, et les autres groupes favorables à l’indépendance). Je l’abordai tout d’abord pour lui demander où les partisans du Oui pouvaient se procurer des macarons et des affiches. Quelle ne fut pas ma joie quand j’appris qu’il travaillait justement pour la campagne du « Yes Scotland » et qu’il pouvait me fournir l’affiche dont j’avais besoin ! Je pus discuter avec lui tout l’après-midi des enjeux de la campagne. Je recueillis son opinion ainsi que celle de plusieurs de ses collègues sur l’importance de se proclamer indépendant et de prendre ses propres décisions dans l’avenir d’un pays. Il m’apprit que le conseil de ville, avec l’appui des camps du Oui et du Non, avait décidé de ne faire aucun affichage dans la ville d’Édimbourg, mais il m’expliqua que dans les autres régions, particulièrement dans les Highlands, le camp du Oui était omniprésent. Il me confirma également que la campagne référendaire n’était pas simplement le mandat du SNP (Parti national écossais) et d’Alex Salmond (chef du SNP et Premier ministre de l’Écosse), mais qu’elle se révélait plutôt être un mouvement populaire qui avait pris naissance dans la société civile et les petits groupes communautaires. En effet, plusieurs groupes s’affichent depuis des mois en faveur de l’indépendance de l’Écosse, tels « Scots Asians for Yes » (« Les Asiatiques écossais pour le Oui »), « Women for Independance » (« Les femmes pour l’indépendance ») et « Labour for Independance » (« Les travailleurs pour l’indépendance »). Dans l’autre camp, le  Non profite aussi d’un mouvement bien ancré, celui du « Better Together » (« Mieux ensemble »), qui reçoit l’appui de tous les partisans opposés à la séparation de l’Écosse du Royaume-Uni. 

Si les indépendantistes se dévouent corps et âme au projet, c’est avant tout pour obtenir l’autogestion de leurs finances, afin de mieux les répartir dans les mesures sociales, telles que l’éducation, la santé et les avantages sociaux. Il est bien difficile de subvenir aux besoins d’un peuple sans avoir un pouvoir total sur l’économie de la région. Puis, il ne faut pas oublier la question identitaire : tout comme le Québec et le Canada, l’Écosse et le reste du Royaume-Uni sont certes complémentaires, mais les Écossais ont une identité qui leur est propre. La campagne référendaire du « Yes Scotland » mise sur le fait que l’Écosse indépendante se tiendrait parmi les vingt pays les plus prospères au monde grâce à des finances publiques solides, à une industrie diversifiée et à d’importantes réserves de pétrole (selon des analystes du  Financial Time).

« L’indépendance, c’est ce que nous voulons tous dans nos vies, alors pourquoi notre pays ne pourrait pas être indépendant aussi ? Après tout, l’Écosse est assez riche pour se le permettre ! », entend-on sur une vidéo promotionnelle du « Yes Scotland ». Ceci dit, nous verrons bien le 18 septembre sur quelle voie s’engage cette merveilleuse région qu’est l’Écosse. C’est un rendez-vous ! 


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