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« Je parle pour garder ouverte la parole »

Soirée rétrospective en avant-première du Festival international de la littérature.

Tous les poèmes et les chansons l’affirment, il n’est pas de plus bel âge que celui de nos vingt ans. Occasion pour le Festival international de la littérature (FIL) de lancer avec éclat sa vingtième édition, jeudi dernier, à l’auditorium de la Grande Bibliothèque de l’UQAM.

Étaient présent un certain nombre d’incontournables de la vie littéraire montréalaise : écrivains, poétesses, metteures-en-scènes, chanteurs, danseuses et sages aux cheveux blancs. Tout ce monde rassemblé pour célébrer « notre grande fête des mots », selon celui de Michelle Corbeil, directrice générale et artistique de l’événement. 

Au long de la soirée, divers acteurs du festival se succèdent donc sur scène pour parler de leur expérience du FIL et de leur attachement à la littérature. Lucien Bouchard, l’ancien Premier Ministre et Président d’honneur de cette édition, est le premier à monter. Il rend fort bien l’hommage dans un éloge du livre et de la lecture aussi éloquent qu’inattendu. Le livre subversif, dangereux, qui nourrit la liberté individuelle aussi bien que la libido, c’est de celui-là que se réclame M. Bouchard. Quand d’autres ministres n’en font point l’éloge, lui, le bâtisseur de la Grande Bibliothèque, proclame : « Le livre n’est pas un passe-temps, c’est une façon et même une raison de vivre ». Avant d’ajouter, solennel : « Il faut construire des bibliothèques et les emplir de livres ».

S’ensuivent des performances de Chrystine Brouillet, Présidente du FIL, commentant un tableau comme le veut l’exercice « de la couleur des mots », et de Chloé Sainte-Marie, chantant Gaston Miron puis récitant un poème du regretté Bruno Roy où ce vers résonne avec tant de justesse : « Je parle pour garder ouverte la parole ».  Car c’est de cela qu’il s’agit, garder ouverte la parole, la transmettre tout en sachant l’accueillir différente, ce à quoi le FIL tient beaucoup. On en veut pour preuve l’émouvant récital de poésie inuit ou encore la lecture de cet extrait de Jacques Roumain qui rappelle une fois de plus le lien si fort entre Québec et Haïti. 

La différence vient aussi dans la forme. Il n’est nulle part question de littérature au sens strict du terme. Thomas Hellman, ancien McGillois par ailleurs, nous le rappelle sciemment son tour venu ; un banjo à la main, il chante les mots du poète Roland Giguère avec une force enivrante. Plus tard, c’est Marie Chouinard, la grande chorégraphe et directrice de compagnie, qui propose quelques-uns de ses poèmes, non sans mouvement. Et l’on pourrait continuer ainsi longtemps, car près de 4000 écrivains et artistes ont défilé au FIL depuis sa création, et la soirée rétrospective en avait invité plusieurs. 

S’il fallait, pour finir, ne parler que d’un seul, ce serait de Gilles Vigneault. Au moment de clore les festivités, on appelle le géant sur scène et il monte, authentique, pour chanter une de ses chansons, accompagné de sa fille. En entrevue avec Le Délit, la même simplicité l’habite pour expliquer ce que représente le FIL : « Une manifestation qui touche à l’ADN de la Culture ». Le ton est donné.

Pour lire le programme du Festival : http://​www​.festival​-fil​.qc​.ca


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