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Avec sensibilité et envergure

Le Festival International du Film sur l’Art nous plonge dans des images poétiques reflétant la mutation des arts actuels.

Pour sa 32e édition, le Festival International du Film sur l’Art, dit le FIFA, s’étend sur dix jours, fort riches de la programmation de 270 titres, autant d’ici que tirés d’un peu partout sur le globe.

Depuis sa création par René Rozon, le Festival fait du film sur l’art un genre en soi ; ainsi il couvre tous les médiums artistiques, l’architecture, la littérature, le monde muséal, la musique populaire, baroque, l’opéra, la sculpture, la bande dessinée, le cinéma, la peinture, la mode, le design, le marché de l’art. Il présente aussi des films sur des lieux, des événements ou des phénomènes d’avant-gardes ou encore des classiques toujours essentiels à se remémorer.

D’innombrables et d’infinies projections, qu’on voudrait toutes voir, mais le temps est tel qu’il faut choisir. Tentons de démêler cette généreuse programmation.

Dans le genre littéraire, notons la projection du premier documentaire sur la vie controversée de William Burroughs par Howard Brookner, en 1983 ; dans la même veine, un film traçant l’amitié ponctuée de mots, de routes et d’alcool des trois grands de la Beat Generation – Jack Kerouac, Allen Ginsberg & William Burroughs comme dans un retour aux origines du mouvement littéraire.

Parmi les personnalités inspirantes dont la vie, l’esthétique, le processus de création et même la mort sont mis à nu, Picasso, l’inventaire d’une vie porte sur les trois années qui ont suivi la mort du maître et l’inventaire de ses 50 000 œuvres. Autres images, autre époque : Jimi Hendrix – Hear my Train a Comin’, présente deux heures d’images inédites prises par le musicien et le batteur Mitch Mitchell lors de leurs derniers concerts en 1968 et 1970.

Le Cri d’Armand Vaillancourt, de Jacques Bouffard, est un portrait audacieux du peintre, sculpteur et figure sociale qui s’immisce dans le beau rapport entre la création, l’œuvre d’art et l’engagement politique dans sa vie. Parmi d’autres événements spéciaux, notons la création d’une série de documentaires BD QC, sur trois bédéistes québécois dont la réputation n’est plus à faire : Michel Rabagliati, Jean-Paul Eid et Thierry Labrosse. Denis Blaquière consacre un documentaire à chacun des bédéistes où les thèmes, l’inspiration, le travail quotidien, les réussites et les désenchantements du monde des bulles sont démystifiés.

The New Rijksmuseum 3 et 4, de Oeke Hoogendijk, qui porte sur les dix ans de rénovation du plus célèbre musée des Pays-Bas et de ses riches collections d’arts classiques et modernes et Zaha Hadid : Who Dares Wins, sur les édifices futuristes et surréels du prix Nobel de l’architecture, sont deux documentaires parmi les plus fascinants dans le domaine. Ils illustrent fidèlement l’étendue esthétique et historique sur laquelle se penche le festival, allant du plus traditionnel au plus avant-gardiste.

Un titre de grande envergure que présente le FIFA est sans doute Google and the World Brain, de Ben Lewis, acclamé au festival de Sundance. Le documentaire relate la mégalomanie du moteur de recherche et son entreprise de regrouper dans une bibliothèque unique tout le savoir du monde. Le documentaire se penche sur les problèmes et difficultés juridiques que rencontre Google quant aux droits d’auteur en rapport avec l’édition et la numérisation du livre.

Le FIFA célèbre les communautés artistiques dans tous ses angles, sous toutes ses déclinaisons ; il offre surtout un moyen d’apprendre et de découvrir les belles obsessions de l’art qui nous sont contemporaines.


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