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L’austerité ? Non merci !

Mobilisation montréalaise contre l’austérité.

La sortie de la station Mont-Royal, plus bruyante que d’ordinaire, a attiré l’attention de plusieurs médias, ainsi que la vigilance de voitures de polices qui sont venues surveiller une manifestation contre le nouvel agenda d’austérité des gouvernements fédéraux et provinciaux.

Le soir du mardi 4 mars dernier, difficile de sortir de la station Mont-Royal sans passer à travers une foule de manifestants bien décidés à signaler leur présence. Bruits de casseroles et pancartes aux slogans militants,  tout a été mis en œuvre pour renforcer leur visibilité et attirer l’attention des passants. Vers 18h45, lorsque l’effectif du rassemblement est jugé satisfaisant, des activistes prennent la parole chacun leur tour et expliquent les raisons de leur venue. Ils dénoncent les conséquences des mesures d’austérité comme les coupures d’aides sociales, la privatisation dans le domaine public, les surprofits que certaines entreprises tirent du travail des immigrés ou encore le fardeau fiscal supporté par les plus pauvres : une longue liste d’exemples qui dépassent largement le cadre de l’austérité budgétaire. Marilyn, une étudiante de 19 ans, travaille avec des enfants en milieu défavorisé, et témoigne des répercussions de l’austérité dans le domaine de l’éducation. « Je suis là plus pour eux que pour moi », explique-t-elle au Délit. Selon l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), 10% des enfants québécois sont élevés dans une famille qui dépend de l’assistance sociale, ce qui amplifie l’impact des coupures budgétaires sur cette part de la population. Comme Marilyn, de nombreux Montréalais mécontents, engagés ou tout simplement curieux, ne considèrent pas le froid comme une excuse valable pour ne pas se rassembler et réagir ensemble le long de l’avenue du Mont-Royal. Rodriguez est immigré, et il a décidé de quitter l’Espagne pour commencer une nouvelle vie ici, au Québec. Il a une feuille à la main, mais c’est aux autres manifestants que son regard s’adresse lorsque vient son tour de prendre le micro. « On pourrait dire que je viens du futur, du futur de l’austérité. Dans mon pays nous avons appliqué ces mesures depuis plus de quarante ans et je pourrais parler longtemps des conséquences sociales dont l’Espagne a souffert et souffre encore aujourd’hui ». Cependant, il assure que s’il est présent ce soir c’est parce qu’il se sent concerné par le cas du Québec, notamment par la précarité du travail. Il va jusqu’à dire que le niveau de protection social des travailleurs est tel que les immigrés deviennent « esclaves de la compagnie qui les emploie ».

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C’est donc au moyen de discours plus ou moins nuancés qu’une multitude de protestations sont énumérées les unes après les autres. Les manifestants ironisent sur l’idée d’un « déficit zéro » visé par le Parti Québécois, ainsi que le slogan « austérité = prospérité » qui semble vu comme une mauvaise farce. À en croire les témoignages, les conversations et l’attitude des gens présents, l’austérité n’apporte aucune solution aux impératifs sociaux, elle a plutôt tendance à les aggraver.

Dans ce cas-là, qu’est-ce qui pourrait soulager les maux des familles québécoises après la crise économique de 2008, point de départ des mesures d’austérité ? Francine, citoyenne engagée, voit l’austérité comme une « orchestration », un jeu entre les banques et les dirigeants qui ne résout pas la source du problème. Elle juge vital de se réorienter vis-à-vis des évasions fiscales en réformant le système d’imposition. Pour Stéphane Rousseau, il faut repenser le Québec dans son ensemble. « Personnellement je pense qu’on est rendu à un revenu de citoyenneté. Il est temps d’égaliser et de redistribuer la richesse, s’assurer que les malchanceux de la société ne sont pas démunis. À cause du manque de travail, il y a des gens qui n’ont plus de sens car ils ne sont plus en mesure de produire pour la société. Il faut se questionner sur le sens qu’on veut donner aux individus ».


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