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Carrés roses contrecarrés – Manif contre un état policier

Une cinquantaine de manifestants se sont réunis au métro Beaudry le 14 février, pour protester contre l’accroissement de la présence policière et la prolifération de caméras de surveillance dans le Village gai de Montréal. Les manifestants s’y revendiquent en opposition aux « carrés roses », soutenant que l’augmentation de la surveillance policière n’est pas garante de la diminution des formes de violences qui sévissent dans le quartier. « Fuck the police, no justice, no peace » scandent les manifestants devant la ligne de policiers qui s’est dessinée sur la rue Sainte-Catherine, empêchant une potentielle rencontre entre les deux groupes de manifestants.

Soulevant les mauvaises relations qu’a pu entretenir le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avec la communauté gaie du Village par le passé, un pamphlet distribué à la sortie du métro Beaudry relate les interventions policières qualifiées d’excessives par les manifestants. De l’intervention en 1990 au Sex Garage pendant laquelle les policiers ont retiré leur badge pour tabasser les fêtards, jusqu’à la descente au Torn Curtain en 2011, une chronologie des blessures subies par la communauté gaie de Montréal est retracée.

« Encore un prétexte de la chambre de commerce pour un nettoyage social. Celui qui a initié le mouvement du carré rose, c’est un agent immobilier » déclare Amélie, militante. Pour elle comme pour plusieurs de ses concitoyens, la lutte contre la violence homophobe ne se résout pas par l’augmentation des effectifs policiers : cette « fausse solution » ne peut assurer la cohésion dans le quartier. De plus, elle rappelle les noms de Jean-François Nadreau, Farshad Mohammadi, Mario Hamel et Michel Berniquez qui ont péri sous les balles des policiers alors qu’ils étaient en détresse. C’est sans compter le décès récent d’Alain Magloire, le 3 février 2014. L’homme était armé d’un marteau et l’intervention s’est soldée par un coup de feu. Pour les militants de ce côté-ci de la rue Beaudry, « la police c’est du monde comme toi pis moi qui ont des guns et qui ont la mauvaise habitude de tuer des personnes marginalisées », comme l’indique ce qui est écrit sur le pamphlet qui circule. Emmanuel, un manifestant, soutient que « jouer du sentiment d’insécurité qui s’associe aux problèmes d’itinérance, de prostitution et de toxicomanie pour instaurer une surveillance policière accrue risque de renforcer le rejet de la classe sociale défavorisée sans rien régler ».

La manifestation est déclarée illégale dix minutes après que le groupe a amorcé un mouvement vers le coin de la rue. Les manifestants remontent la rue Beaudry jusqu’à Maisonneuve et redescendent Amherst en bloquant la circulation. Après une pause d’une dizaine de minutes en face à face avec la police au coin de la rue Sainte-Catherine, ils se dispersent pour aller rejoindre la « marche des femmes autochtones disparues ou assassinées ».

 




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