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Murmures et musique

Peter Katz transporte son public au Petit Campus.

Lauriane Giroux

Vendredi soir, 19h15, plusieurs personnes s’entassent déjà dans le vestibule du Petit Campus. La soirée s’annonce prometteuse avec comme première partie l’étoile montante Corinna Rose et le bien établi Peter Katz par la suite. À peine quelques minutes après l’ouverture des portes, la salle est déjà pleine et on entend à travers les tables des conversations de gens impatients d’entendre les premières notes de la soirée.

Malgré un léger retard dû au bruit venant de la boîte de nuit située en haut, tous sont attentifs lorsque Corinna monte sur scène discrètement et emmène tranquillement voguer le public à travers les notes de sa guitare. Elle nous interprète ses chansons dans un murmure, avec une voix feutrée rappelant celle du musicien américain Sufjan Stevens et qui ne laisse personne indifférent. C’est une belle surprise pour ceux ne l’ayant jamais entendue.

Corinna vient de Toronto et s’est établie à Montréal il y a quelques temps déjà. Son premier album éponyme vient tout juste de sortir et a déjà plusieurs fans. Sur scène, elle est accompagnée d’Ari Swan au violon et de Quinn Brander au violoncelle. Les arrangements avec les instruments à cordes sont très originaux et dosés avec parcimonie ; juste assez pour ne pas enterrer la guitare ou le banjo de Corinna. Elle accompagne ses chansons d’histoires et ses discussions avec le public sont souvent très comiques. Corinna berce tranquillement l’auditoire et l’emmène avec elle dans un monde parfois morose, parfois cocasse, mais toujours pertinent. Cette musicienne est définitivement une artiste à surveiller pour les années à venir.

Puis c’est un Peter Katz en pleine forme qui prend d’assaut la scène en entamant les premières notes de sa chanson « Days and nights ». Pour la soirée, il est accompagné de la pianiste et choriste Karen Kosowski. Peter est l’un de ces musiciens qui ne fait pas de compromis sur scène. Il est l’un des rares qui utilise à bon escient une pédale « loop station » qu’il utilise entre autres pour superposer les rythmes de guitare, mais aussi pour créer des chœurs qu’il enregistre à l’aide d’un deuxième micro. Le processus est d’autant plus impressionnant qu’il fait le tout sous les yeux des spectateurs hypnotisés par cette douce musique.

Peter est un musicien qui semble avoir tout pour lui. Originaire de Montréal et maintenant établi à Toronto, le nominé aux Junos en 2012 revient en effet tout juste  d’une tournée européenne suivie d’une tournée avec le musicien folk canadien Royal Wood. En plein processus d’écriture de son prochain album qu’il enregistrera en avril, le succès ne lui monte toutefois pas à la tête. Peter s’implique avec beaucoup d’écoles et de jeunes en participant à des ateliers de musique et de développement et ne se gêne pas pour parler de ses expériences sur scène.

S’il ne l’était pas déjà, le public est rapidement conquis par toutes les anecdotes que partage Peter, qui aime bien discuter et raconter de longs préambules avant ses chansons. Ces dernières sont très personnelles et résonnent avec douceur dans l’esprit de tous. Son interprétation est toujours sans faille alors qu’on peut voir ses yeux s’illuminer lorsqu’il chante et partage avec le public. Les textes et la musique sont toujours d’une délicatesse réconfortante, tout en nuances et en variations de rythmes délicates. À un autre moment, il descend de la scène et raconte l’histoire touchante lui ayant inspiré la chanson « Oliver’s Tune » , inspirée de l’histoire d’Oliver Schroer, un violoniste canadien décédé d’une leucémie en 2008, avant d’interpréter une version acoustique de cette chanson riche en émotions.

Corinna et Peter ont visiblement envie d’être sur scène malgré le froid et la fatigue des tournées et c’est là l’élément clé permettant de dire que la soirée est un succès.  Tout le monde semble comblé et heureux lors des applaudissements finaux après avoir chanté les chœurs de la dernière chanson, « Carried Away ».


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