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Transparence et université intelligente ?

L’affaire des demandes d’accès à l’information (AI) à McGill semble enfin être arrivée à une conclusion : McGill devra répondre aux requêtes. C’est une bataille entre administration et étudiants qui aura duré près d’un an.

Pour reprendre rapidement l’histoire dans l’ordre, à nouveau : à la fin de l’année 2012,  quatorze étudiants déposent une série de demandes d’AI. Les demandes sont vivement rejetées par McGill, qui exige de plus que des futures AI puissent être systématiquement refusées par l’Université. Cette requête est subséquemment refusée par la Commission d’accès à l’information du Québec en octobre. McGill portera alors la cause en appel.

Au final, une entente a été conclue entre les parties en ce mois de janvier. McGill est priée de répondre aux demandes d’AI. En échange, certaines de ces demandes seront abandonnées. Et l’Université n’aura en aucun cas le droit de refuser de manière préemptive des futures demandes comme elle le voulait.

À partir de la fin février, McGill commencera donc à révéler des informations, notamment sur le lien entre l’Université et l’industrie de l’armement, les investissements dans les énergies fossiles et la recherche.

Pour la liberté d’expression et d’information à McGill, c’est évidemment une avancée dont on ne peut que se féliciter. C’est surtout la fin d’une longue histoire qui aura traîné, et qui n’aura servi qu’à renforcer les tensions entre administration et étudiants.

Le mot d’ordre de l’année 2014 sera-t-il « transparence »,  même si c’est contre le gré de McGill ?

Université intelligente

On parle de plus en plus du concept de « ville intelligente ». Cette notion comprend le fait de faciliter l’accès des citoyens à l’information, grâce aux nouvelles technologies et formes de communication. Denis Coderre en avait fait l’un des principaux thèmes de sa campagne aux élections municipales ; il a récemment annoncé qu’un bureau de projet de la ville intelligente serait créé à Montréal.

C’était également le sujet de l’un des projets de règlements présentés à la simulation du Conseil de ville de Montréal, cette fin de semaine. Une notion qui fait donc son chemin, et qui pourrait bien aussi s’appliquer à d’autres niveaux, y compris le niveau universitaire.

Pourrait-on faire de McGill une « université intelligente » ? Les affaires comme celles des AI montrent que l’Université a un devoir d’informer et de répondre au désir d’information de la communauté mcgilloise. De plus, la principale Suzanne Fortier a répété à maintes reprises qu’elle allait, au cours de son mandat, miser sur la transparence. Ainsi, s’il y a devoir et peut-être de plus en plus une réelle volonté de la part de McGill de faire des efforts à ce niveau, pourquoi ne pas investir dans ce concept « d’institution intelligente » ?

McGill aurait tout à gagner (du temps, de l’argent, de la crédibilité) en mettant en place des plateformes interactives qui faciliteraient l’accès de tous à l’information.

L’histoire des AI semble montrer qu’on est à McGill dans un cercle vicieux. En s’obstinant à maintenir la communauté universitaire dans l’ombre quant à certains de ses choix budgétaires par exemple, l’administration perpétue elle-même un sentiment de méfiance généralisée chez les étudiants qui, à son tour, engendre de nouvelles demandes d’accès.

Alors que l’administration dénonce l’ampleur des frais qu’elle doit engager pour répondre à des demandes d’accès à l’information, le fait d’intégrer plus de transparence à sa culture institutionnelle pourrait éviter bien des dépenses (et des maux de tête) à l’administration sur le long terme.

En tirant profit des nouvelles technologies et en se modernisant, l’Université pourrait établir une plateforme sur laquelle elle mettrait ses données à la portée de tous. Chacun pourrait alors y chercher l’information qu’il veut.

Montréal et le gouvernement du Québec commencent concrètement à en faire l’expérience, avec l’adoption récente de la formule du « Portail de données ouvertes », un outil interactif qui permet aux citoyens d’accéder directement à une foule de statistiques diverses présentées sous une forme qui favorise la recherche, le croisement de données et la création d’applications interactives.

Un portail de données ouvertes à McGill pourrait alors contribuer à augmenter la confiance des étudiants envers l’administration. Le mouvement des données ouvertes fait de plus en plus d’adeptes et il deviendra de plus en plus inévitable pour les grandes institutions de s’en prévaloir. Il y a déjà quelquelques efforts faits par l’université, mais on attend la suite.


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