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Vous avez dit Quartettsatz ?

L’ensemble Jean Cousineau joue Schubert au Gesù.

Dimanche dernier, à l’Espace Aline-Letendre de l’Église du Gesù, l’ensemble Jean Cousineau interprétait deux morceaux de Franz Schubert : le quatuor no. 12 en do mineur, D. 703, communément appelé le Quartettsatz, et le quintette à deux violoncelles en do majeur, D. 956, publié à titre posthume. De ces deux œuvres importantes pour le répertoire de musique de chambre, la première est inachevée, constituée d’un seul Allegro assai, et la seconde s’avère la dernière pièce écrite par le compositeur, deux mois à peine avant son décès. Pour un troisième concert de la série des Dimanches en musique, Marie-Claire Cousineau, la directrice de l’école Les Petits Violons, ainsi que les autres membres de l’ensemble à cordes en livraient une interprétation brillante.

Le Quartettstatz, pour deux violons, un alto et un violoncelle, a été composé en 1820. Bien que seul le premier mouvement en soit complété (quelque quarante mesures d’un second mouvement ont été ébauchées), et qu’elle semble avoir été délaissée par le compositeur, cette pièce comporte de telles richesses que Brahms, un autre grand représentant de la musique romantique allemande, décide de la récupérer et de la faire jouer en public en 1867. Ce quatuor se démarque des autres compositions de l’artiste par la complexité de ses thèmes, d’ailleurs nombreux, et par une curieuse absence de lyrisme – Schubert est notamment reconnu pour ses lieder – et s’inscrit ainsi dans une veine plus beethovénienne. Marie-Claire Cousineau, au violon, est parvenue à en faire une interprétation très expressive, ce qui n’est pas sans difficulté pour une œuvre plus rythmique, aux mélodies moins chantantes. On aurait aimé cependant que le violoncelle ressorte davantage.

Pour le deuxième morceau, l’équilibre entre les différents musiciens, auxquels s’est ajoutée une violoncelliste, s’est rétabli. On note d’ailleurs un très bel échange entre les violoncelles et le premier violon qui, dans l’adagio du quintette, se répondent en pizzicati, tantôt doux, tantôt sonores. Cette dernière œuvre du compositeur, écrite en 1828, est souvent considérée comme l’une de ses musiques de chambre les plus raffinées. Des thèmes plus simples, brillamment développés, la caractérisent, et on lui reconnaît un lyrisme plus épanoui, propre à Schubert.

Il convient de dire quelques mots sur la belle initiative du violoniste québécois Jean Cousineau, à l’origine de l’ensemble qui porte aujourd’hui son nom. En 1965, après avoir constaté l’insuffisance des structures d’enseignement du violon à Montréal, il décide de fonder l’école Les Petits Violons. Rapidement, son institution gagne en importance, et quelque dix ans plus tard, en 1974, il regroupe ses étudiants les plus avancés afin de former l’ensemble professionnel des Petits Violons. Dès lors, le groupe voyage et donne des concerts au Canada et à l’étranger. Aujourd’hui, la fille ayant pris le relais du père, ce bel ensemble à cordes continue de se produire un peu partout. Le prochain concert avec, au programme, Bach, Mozart et Vivaldi, aura lieu au Gesù le 16 février et il faudra y aller, sans compter que c’est gratuit.


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