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Telle mère, telle fille

Mauvaise fille présenté au cinéma Impérial dans le cadre du Festival Cinémania.

Mauvaise fille est adapté du roman éponyme de l’écrivaine Justine Lévy, lui-même retenu pour le prix Goncourt en 2009. Elle est la conjointe de Patrick Mille, et la fille de l’écrivain-philosophe Bernard-Henri Lévy et de sa première épouse, le mannequin Isabelle Doutreluigne, décédée en avril 2004.

Le roman et le film sont une chronique d’autofiction sur la relation mère-fille entre Louise (Izïa Higelin) et Alice (Carole Bouquet), alors que la première est enceinte et que la seconde est en rémission d’un cancer qui rechute. Même si cette grossesse devrait être un moment de réjouissance pour toute la famille (elle l’est pour cinq bonnes minutes), Louise le vit avec beaucoup de stress, de culpabilité et d’angoisse à cause du cancer de sa mère, qui fut une piètre figure parentale.

C’est vrai, Alice n’a pas été une bonne mère. Elle négligeait sa fille, faisait la fête et consommait beaucoup d’alcool et de drogues, laissant ainsi sa fille livrée à elle-même. Le père de Lucie (Bob Geldof) est une rock star internationale qui n’était pas là pour elle, à cause de sa carrière. De ce fait, la grossesse de Louise lui rappelle tous ses mauvais souvenirs d’enfance et l’amène à se questionner : saurais-je être une bonne mère alors que ma propre mère était totalement incompétente et mon père, absent ?

Les divers retours en arrière dans l’enfance de Louise sont intéressants, mais la transition, et parfois même la pertinence, entre ces scènes et le reste du film n’est pas toujours évidente. En ce qui concerne le scénario, coécrit par Lévy et Mille, il respecte la part d’autofiction et est très réaliste, malgré quelques écarts par rapport au livre. Il apporte aussi beaucoup d’humour sur un sujet tout sauf comique. Il aurait été intéressant que le film pousse un peu plus loin la réflexion psychologique et les conséquences d’une enfance « rock ‘n roll » sur un rôle parental ultérieur.

Du côté des interprétations, Bob Geldof surprendra plusieurs par la qualité de son français oral. Il  parait naturel en père absent, qui fait tout ce qu’il peut pour sa fille et fait preuve de créativité pour améliorer cette situation familiale compliquée. Carole Bouquet est sans doute la plus attachante des mères indignes. Égocentrique et immature, celle-ci arrive à peine à se sentir coupable de ses multiples gaffes parentales, mais sa part d’humanité est omniprésente.

Izïa Higelin, fille du chanteur Jacques Higelin, en est à son premier rôle au cinéma. Avant de jouer dans Mauvaise fille, Higelin était la chanteuse du groupe Izïa, avec lequel elle a remporté quelques Victoires de la musique. Toujours dans le thème de l’autofiction, elle interprète la fille d’un chanteur ; on la trouve absolument charmante, attachante, explosive et magnifiquement théâtrale. On éprouve de l’empathie pour ce personnage qui a tellement souffert de sa propre mère qu’on comprend sa crainte, sa peur et son stress à l’idée de devenir mère à son tour. Son interprétation lui a d’ailleurs valu le César du meilleur espoir féminin en 2013.

Mauvaise fille est une affaire de famille dans tous les sens du terme. L’aspect autofiction et réaliste du film, en plus d’une interprétation très intéressante et explosive de Izïa Higelin, font de ce film un projet agréable à visionner.


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