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Francophonie à McGill

Une nouvelle place pour le Français à l’AÉFA.

Une nouvelle commission francophone a récemment été créée par l’Association Étudiante de la Faculté des Arts (AÉFA). Son but est de promouvoir le bilinguisme auprès des membres de l’AÉFA et au sein des structures départementales de la Faculté des Arts. C’est ce que la vice-présidente aux communications de l’AÉFA, Lucy Ava Liu, annonçait lors du Conseil législatif du 30 octobre. Bien qu’embryonnaire, l’initiative permet d’espérer la création de nouveaux ponts entre anglophones et francophones, ces derniers représentant environ 20% des étudiants de McGill. La commission pourrait aussi, au passage, contribuer à procurer une nouvelle cohésion à la culture francophone sur le campus.

Bien qu’une Commission des affaires francophones (CAF), affiliée à l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM), soit déjà active à McGill depuis 2007, son action se traduit principalement par l’organisation d’événements spéciaux visant à promouvoir la langue française dans le contexte académique. Selon Lucy Ava Liu, la Commission francophone de l’AÉFA veut pour sa part qu’un esprit de communauté francophone et québécois se reflète dans la vie sociale et institutionnelle de l’AÉFA.

Les deux commissaires bilingues choisis pour diriger le nouveau projet sont Gaëlle Perrin (U3, développement international) et Gilles Dry (U3, littérature française). Ils ont, entre autres, mis sur pied les Cercles de conversation de l’AÉFA, auxquels sont conviés les étudiants qui désirent pratiquer le français en discutant avec d’autres anglophones en processus d’apprentissage, le tout en présence de tuteurs francophones.

Manque d’opportunité

Les étudiants étrangers rencontrés lors des Cercles de conversation soulignent unanimement le peu d’opportunités pour parfaire leurs compétences en français lors de leur séjour à Montréal.

Bien souvent, ces étudiants ont choisi d’étudier à McGill en raison de la possibilité d’y apprendre une nouvelle langue. Toutefois, leurs aspirations demeurent frustrées par la difficulté de mettre en pratique leurs apprentissages sur une base régulière et de façon informelle sur le campus.

À l’inverse, beaucoup de francophones fréquentent McGill spécifiquement dans le but de parfaire leur anglais et de vivre l’expérience universitaire anglo-saxonne. Pour ceux-ci, l’implication active dans des groupes ou organismes faisant la promotion de la francophonie peut sembler contre-intuitive. Selon Gaëlle Perrin, il en découle que la sous-culture francophone de McGill s’articule autour d’un nombre limité d’individus : « Quand on regarde la communauté francophone qui s’implique, soit au sein du Délit Français, de l’Association générale des étudiants de langue et littérature françaises (AGELF) ou de la CAF, on a l’impression qu’il s’agit toujours des mêmes personnes, alors que les francophones sont nombreux à McGill ! »

Si les cercles de conversation visent d’abord à fournir à des anglophones et allophones l’opportunité de pratiquer le français gratuitement sur le campus, ils permettent également aux étudiants francophones qui y participent à titre de tuteurs de se réunir autour d’un projet commun.

Voilà justement la mission que se sont donnés les responsables des nouveaux cercles de conversation. Gaëlle Perrin voit dans la création de la nouvelle commission une tentative de rapprochement entre les Québécois francophones, leurs compatriotes du reste de la francophonie et les personnes qui désirent apprendre le français ou s’immerger dans la culture québécoise. « Il y a en fait plusieurs petits groupes d’étudiants francophones, mais pas assez de liens entre les Québécois, les Français et les non-francophones qui apprennent le français », dit-elle en entrevue avec Le Délit.

En se réunissant autour d’un tel projet, des étudiants francophones de McGill de tous les horizons sont peut-être en voie de donner un regain de vie à une culture francophone fragmentée selon les nationalités et qui peine parfois à s’articuler autour d’ambitions communes.


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