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Canada en Afrique

Le Canada : « un acteur discret » en Afrique centrale.

L’Association des étudiants africains de McGill (McGill African Students Society, MASS), en collaboration avec Friends of the Congo, a organisé une conférence le mercredi 9 octobre sur l’état actuel du Congo, plus spécifiquement sur les relations entre le Canada et l’Afrique centrale.  Patrick Mbeko, spécialiste des affaires politiques africaines et auteur du livre controversé « Le Canada dans les guerres en Afrique Centrale : génocides et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé », était présent. Décrite par MASS comme « la première de ce genre à McGill », la conférence a débuté par une présentation du rôle joué par le Canada en Afrique Centrale.

Dès le début, Patrick Mbeko a donné le ton de la conférence en décrivant l’intervention du Canada en Afrique Centrale comme « une tragédie dont on ne parle pas souvent dans les médias ». Après un rappel de l’histoire du Congo, de la colonisation Belge jusqu’à nos jours, il a brisé les stéréotypes sur l’inactivité du Canada en Afrique. Sa présentation était centrée sur trois figures canadiennes : le Lieutenant-Général Roméo Dallaire, le Général Maurice Baril et l’ex-juge à la Cour Suprême du Canada, Louise Arbour. Dans le « matériel psychique du Canadien », pour utiliser l’expression de Mbeko, ces trois personnalités sont des héros. Pour Patrick Mbeko, « ce sont des criminels ». En effet, Dallaire, commandant de la mission de l’Organisation des Nations Unies (ONU) au Rwanda pendant le génocide, « était, contrairement à ce qu’on dit, sous commandement américain ». En 1994, les États-Unis suivaient une politique étrangère de déstabilisation en Afrique Centrale pour chasser les Français de cette région et mettre en place des gouvernements pro-américains. D’après Mbeko, Dallaire aurait notamment participé à l’assassinat de deux leaders Africains. Maurice Baril était à la tête de la force multinationale qui avait pour but de stopper la guerre à l’est du Congo, envahi en 1996 par les troupes rwandaises. Cependant, « le Canada a court-circuité cette force-là » et les hommes de Baril auraient facilité l’invasion du Congo. C’est aussi pendant cette guerre que les compagnies minières canadiennes « ont commencé à signer des contrats » pour s’accaparer les ressources naturelles du Congo. Comme exprimé par le journaliste britannique Johann Hari, la guerre au Congo « est une bataille pour les métaux qui font vibrer notre société technologique ». Enfin, Louise Arbour, procureure au Tribunal pénal international pour le Rwanda, aurait bloqué plusieurs enquêtes qui avaient pour but de faire lumière sur les causes du génocide, l’invasion du Congo par les forces rwandaises et la participation du Canada dans ces deux évènements. Patrick Mbeko a conclu sa présentation en insistant sur le besoin « d’une prise de conscience » des Canadiens sur les actes de leur gouvernement en Afrique Centrale afin d’éviter que de telles horreurs se répètent.

Cette présentation était suivie d’une discussion entre le public, Patrick Mbeko et des membres de plusieurs associations de McGill dont l’Association des étudiants en sciences politiques, le réseau étudiant de la Cour pénale internationale et Graphite Publications. Les thèmes abordés furent l’action actuelle de l’ONU au Congo, la possibilité d’une influence positive des pays développés en Afrique Centrale et enfin la question de la participation de certains pays Africains, et plus particulièrement le Rwanda et l’Ouganda, dans les guerres du Congo. Méditant sur cette conférence, Jacob Omorodion, Vice-président éducation de MASS, a conclu que les idées exprimées par Patrick Mbeko étaient très intéressantes même si parfois « radicales ».


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