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Un joint pour Justin

Justin Trudeau est le candidat des jeunes. Un profil qu’il construit depuis déjà quelques années. Pour la rentrée scolaire, Trudeau nous avait préparé une révélation surprise : il a déjà fumé de la marijuana.

Est-ce dans l’optique de rejoindre les jeunes qu’il a fait cette déclaration ? Ou Trudeau participe-t-il plutôt à un changement de mentalité vis-à-vis de l’herbe prohibée ? Quoiqu’il en soit, il faut examiner plus en profondeur sa proposition de légalisation du cannabis. Une proposition qui ne passera pas inaperçue aux prochaines élections fédérales.

Malgré près d’un siècle de prohibition, plusieurs milliers de Canadiens consomment régulièrement de la marijuana et d’autres produits dérivés du cannabis. L’herbe est plus qu’accessible et sa catégorisation populaire de « drogue douce » évite d’inquiéter ses nouveaux usagers. En 2002, le Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites révèle qu’environ plus de 100 000 Canadiens de plus de 16 ans pourraient avoir un usage à risque tandis que 80 000 personnes en ont un usage excessif. Donc, la criminalisation de la marijuana n’a pas d’effet substantiel sur le nombre d’usagers.

De plus, la criminalisation de la marijuana ne permet pas sa régularisation. Par exemple, les boissons alcoolisées étant légales, l’État peux réglementer ses modes de distillation. Ainsi, les méthodes qui pourraient rendre l’alcool dangereux ou en faire un poison sont interdites. Contrairement à l’alcool, les drogues illicites ne peuvent pas être réglementées. Il est donc permis au producteur de marijuana de couper son produit avec tout ce qui lui tombe sous la main. Le danger est donc apparent pour une drogue qui rassemble autant de consommateurs. Sans commenter la criminalisation de « drogues non-douces », il semble souhaitable de légaliser la marijuana afin de mieux la réglementer. La réglementation assurerait donc un produit meilleur pour la santé que ce qui est présentement en circulation.

On peut également souhaiter la légalisation de la marijuana afin de couper une source de revenus aux acteurs du crime organisé. Par le fait même, la taxation de la marijuana créerait également une source de revenu pour l’État. Avec une partie de ces profits, l’État canadien pourrait d’ailleurs mettre en place un programme de sensibilisation aux effets néfastes des drogues. En effet, le Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites rappelle que le Canada n’a financé une stratégie sur les drogues qu’entre 1987 et 1993.

Au-delà de cette réappropriation de profits, il faut également noter que la vente illégale de la marijuana crée chez les jeunes un premier contact avec le monde criminel. Ce contact permet de recruter des jeunes comme revendeurs étudiants dans les écoles du Québec.

Face à cette brève révision des avantages de la légalisation, j’ai habituellement tendance à y être favorable. Toutefois, il reste une question à laquelle Justin Trudeau devra répondre afin de me convaincre. Pour un jeune de moins de 18 ans, la marijuana est facilement accessible. En opposition, les drogues licites, l’alcool et les cigarettes, sont moins facilement accessibles. Il est raisonnable de croire que la légalisation de la marijuana déplacerait ce produit du marché noir vers le marché légal, interdisant alors son accès aux jeunes de moins de 18 ans. Mon inquiétude est donc de savoir ce qui remplacera la marijuana au titre de la drogue facilement accessible. Tout porte à croire que cette drogue aura des effets plus néfastes.

La proposition de Trudeau est grisante à première vue. Cependant, à mieux y réfléchir, elle pourrait augmenter l’accessibilité aux drogues dures.

 


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