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Pour la Charte

Au tour des partisans de la Charte des Valeurs de prendre la rue.

Surplombant les centaines de manifestants rassemblés en ce dimanche 22 septembre dans le parc Émilie-Gamelin, des banderoles affichent des slogans tels que « La religion c’est dans le cœur et non pas sur la tête » ou encore « La beauté féminine ne doit pas être cachée ». La foule est venue témoigner de son soutien au gouvernement dans son projet de Charte des Valeurs québécoises. Cette dernière, proposée par le Parti Québécois (PQ) de Pauline Marois, vise à réaffirmer le traitement égal et équitable des citoyens du Québec, ainsi que la neutralité religieuse de l’État. Elle comporte cinq propositions clairement exposées sur le site du gouvernement.

Ce projet de loi, officiellement présenté le 10 septembre dernier, divise les Québécois. Preuve en est qu’une semaine après la manifestation contre la Charte à Montréal, un rassemblement en sa faveur prenait place au même endroit. Parmi les personnes présentes et interrogées, les discours tenus varient mais s’articulent essentiellement autour de deux axes. Les uns défendent les droits des femmes tandis que les autres rejettent une montée de l’Islam dans la société. Quel que soit le principe sur lequel les manifestants fondent leur opinion, tous sont là pour condamner le port du voile avec vigueur.

Fatima et Louise, deux manifestantes, font part de leur aversion pour le port du voile, vêtement qu’elles caractérisent de « très réducteur pour la femme, qui incarne la soumission et l’infériorité face aux hommes ». Pour la première, le voile reflète une volonté de différenciation culturelle vis-à-vis de la société québécoise, ne devant en aucun cas être affichée publiquement. Fatima affirme qu’ « afficher [le voile] c’est se renier et renier ses libertés, que des femmes meurent au Moyen-Orient dans leur combat contre le port du voile ». Pour Louise, féministe engagée depuis des années dans des luttes pour l’égalité hommes-femmes au travail, pour le droit à l’avortement, le port du voile représente une régression des libertés de la femme dans la société. Ces féministes assurent ainsi respecter toutes cultures et religions, mais refusent le port de signes religieux ostentatoires, particulièrement le voile, aussi bien dans les lieux publics qu’au sein du gouvernement.

Sylvie et Pierre, quant à eux, manifestent pour cette Charte afin de prévenir et d’empêcher l’islamisation du Québec. Un problème, comme ils l’assurent, qui est de plus en plus mondialisé. Le panneau brandi par Sylvie est une image qui résume sa pensée générale. Différents voiles musulmans y sont barrés d’une croix rouge. Hijab, niqab et burqa sont pour elle de véritables « prisons portatives », matérialisant la charia. Elle soutient que le port du voile est une provocation et qu’en aucun cas, les musulmans vivant au Québec ne devraient l’afficher. « Ils se doivent de respecter les valeurs de laïcité québécoise et de s’adapter à la culture du pays où ils vivent. Si ça ne leur convient pas qu’ils aillent ailleurs ! », dit-elle au Délit. Partageant cette même peur de la propagation de l’Islam, Pierre, accompagné de sa famille, défend qu’en adoptant cette Charte et en empêchant l’Islam de prendre place au sein de l’État, il prévient le risque d’instauration de lois religieuses nuisant au statut de la femme qu’il considère comme son égale. « C’est un traitement dégueulasse de la femme », explique-t-il.

Ainsi, pour ces divers manifestants en faveur de la Charte des Valeurs québécoises, c’est le voile qui dérange. C’est le point le plus brûlant de cette Charte qui crée une véritable agitation politique et se trouve être une source de désaccord entre les Québécois.

 

 

 


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