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La guerre des pinceaux

Beaux Dégâts / Fine Mess : Art Battle #8

Julien Lavallée

Pour cette 8e édition de Beau­x Dégâts, artistes, public et beaux jours printaniers étaient au rendez-vous lors d’une soirée originale organisée par la Fresh Paint Gallery aux Foufounes Électriques. Les six collectifs présents (La Mandibula, IronAxe, Noyau Dur, Garbage Beauty, BEAX et Woody Wood Pickle) ont offert un spectacle coloré et qui tient en haleine du début à la fin.

Comme pour les autres éditions de l’événement, chaque collectif avait choisi un thème à l’avance et devait se soumettre à un second thème imposé par Beaux Dégâts en rapport avec la cinématographie indépendante. Les règles des duels étaient quant à elles inchangées : l’œuvre gagnante est déterminée par le nombre de cannettes de bière amassées, avant de détruire les autres œuvres. Les spectateurs étaient donc tous munis d’une cannette de bière vers vingt heures pour soutenir leur œuvre préférée.

Alors que les œuvres commencent à prendre forme, on constate assez distinctement l’influence du street art et du graffiti parmi les diverses créations. Le collectif Garbage Beauty, rassemblant des artistes qui décorent des vieux meubles, scooters, télévisions et autres objets de notre quotidien, produit des inscriptions en suivant une calligraphie très précise et appliquée. En face de ce quatuor, le duo La Mandibula, gagnant de la dernière édition, dessinait, fidèle à son style, une jeune femme aux formes prononcées en mêlant un jeu de couleurs varié et harmonieux.

Cependant, la compétition était déjà pratiquement jouée d’avance. Lapin, membre de Noyau Dur, soutient que le collectif IronAxe « est plutôt connu à Montréal, où ils ont plein d’amis partout, ce qui leur donne un grand avantage ». En remportant cette 8e édition comme prédit, IronAxe s’est vu couronné pour la 6e fois suite à leur caricature d’un membre des Sex Pistols dans une voiture couplé à l’inscription « Born to Roll » au lettrage inspiré du monde du graffiti. Difficile donc de faire face à des artistes non seulement très talentueux mais très présents sur la scène artistique montréalaise.

Pour contrer cette hégémonie d’Iron Axe et mettre toutes les chances de leurs côtés, certains collectifs donnaient des posters en échange de cannettes de bière vides. Cette incitation matérielle ne respectait pas les principes démocratiques fondamentaux qui touchent à l’authenticité du concept purement artistique de Beaux Dégâts.

En marge de la performance visuelle, les Foufounes ont accueilli Masta Ace, rappeur américain venu de Brooklyn. Un show original et rythmé qui venait clôturer la compétition artistique. DJ Construct, Bevvy Swift et Wally ont, quant à eux, réjoui la foule avec des sons envoûtants tout au long de la soirée.

Cette édition de Beaux Dégâts, très attendue après quatre mois d’absence, a donc bel et bien répondu aux exigences du public. Il suffisait de tendre l’oreille pour entendre des compliments en tous genres à propos des œuvres et de la soirée en général. Le succès des Art Battles des Beaux Dégâts est donc incontestable à ce jour et sa présence sur la scène artistique montréalaise est de plus en plus respectée d’édition en édition.


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