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Dessine-moi Berlin

La Berlinoise, un événement à thème pas comme les autres

Zoë Carlton

Quatre DJ, une murale en direct, un squat berlinois et plus de mille invités, le tout dans le décor surréel d’une ancienne usine. Tel était le cadre de l’événement « La Berlinoise », organisé par le collectif de La Bacchanale Montréal vendredi dernier. L’objectif de la soirée était de « retranscrire l’ambiance d’un festival le temps d’une soirée », comme le décrit Adrien Orlowski, un des organisateurs. La Berlinoise, c’est aussi « un concept de soirée mêlant les passions des organisateurs  pour l’électronique avec du visuel », complète Thomas Simonneau, grapheur de la murale et étudiant à McGill. Pour ce faire, la Fonderie Darling, ancienne fonderie de Griffintown réaménagée en galerie d’art et louée pour l’occasion, s’est vue transformée, comme l’attestent les photos de la soirée. Entre les lasers, les jeux de lumières et un système de son très puissant, rien n’a été laissé au hasard pour créer une ambiance de concert dans un lieu habituellement si calme.

Le nom de « La Berlinoise » n’était bien sûr pas le fruit du hasard,  il décrit l’ambiance voulue pour la soirée : un festival berlinois en plein hiver montréalais. En effet, deux des quatre DJ, Alle Farben et Egokind, étaient venus spécialement de la capitale allemande pour l’événement. Entre les basses d’Alle Farben et l’électronique unique à Egokind, on se rend compte que les artistes sont bel et bien les meilleurs ambassadeurs d’un pays, et Berlin n’aura pas vu partir ces deux-là en vain. Quant à Locomote et Arno Gonzalez, les deux autres DJ, la scène montréalaise avait déjà fait leur connaissance lors du Piknic Electronik et les a retrouvés dans un tout autre environnement. Devant une foule de plus de mille personnes, les quatre ont su s’accorder de manière à maintenir l’ambiance électrique.

Du côté visuel, on a pu admirer la murale de Thomas Simonneau, peinte en direct par celui-ci dans un coin de la Fonderie, tandis que résonnaient les baffles une dizaine de mètres plus loin. Ce concept unique d’allier le musical au visuel enchante d’ailleurs Thomas : « Ça a réunit différents mouvements ; je n’ai rien à voir avec la musique et j’ai rencontré des DJ et des gens qui sont impliqués dans d’autres milieux artistiques. » Ce mélange des styles a eu un autre effet positif, celui de créer une soirée aux ambiances diverses, et de la rendre plus informelle et détendue. Ainsi ceux qui souhaitaient faire une pause entre deux morceaux pouvaient le faire dans la partie expo de la fonderie plutôt que dans le froid de la nuit.

Petite déception, cependant, du côté du Squat Berlinois, espace détente de la soirée qui tenait plus d’un salon particulier que de l’ancien squat revendicateur d’Allemagne de l’Est auquel on s’attendait. Le canapé et les deux bancs devant la télé manquaient de quelques accessoires de plus qui auraient certainement rendu l’expérience plus réelle.

En règle générale, le public, dans la grande majorité venu de HEC ou de l’UdeM, paraissait plus que content de cette soirée originale, ne serait-ce que par le caractère inhabituel du site. On connaissait déjà les usines désaffectées de Griffintown par leurs raves réservées aux initiés et dont le lieu n’était dévoilé qu’une nuit à l’avance pour assurer un maximum de discrétion. On les connaîtra dorénavant pour des événements à grande visibilité. Un seul bémol, si l’on peut dire, au niveau de l’organisation, selon certains invités exaspérés par les longues queues mal gérées à l’entrée, au vestiaire et aux toilettes en fin de soirée.

Ce manque d’organisation est en fait plutôt flatteur pour les organisateurs, puisqu’il n’est que la rançon du succès de la soirée. En effet, les berlinophiles étaient beaucoup plus nombreux que prévu, environ 400, un nombre qui peut poser des problèmes de gestion. La Berlinoise était le troisième et plus grand événement de la série des Bacchanales, dont les quatre fondateurs jonglent entre l’organisation de soirées et leur études aux HEC. Les problèmes résultant du trop grand nombre d’invités les ont décidé à suspendre quelques temps leurs activités, car « c’est un projet qui demande beaucoup de temps, beaucoup de convergence parce qu’on est à quatre sur ce projet et c’est difficile d’avoir la même vision », selon Adrien, ajoutant que si la Bacchanale reprend ses activités, ce sera « avec une approche plus simpliste » et sur des événements un peu plus petits. Quoi qu’il en soit, la Berlinoise sortait de l’ordinaire, tant par la diversité des artistes que par le thème autour duquel était organisé l’événement.


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