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Cirque expérimental à la TOHU

Le Festival mondial du cirque de demain passe à Montréal. 

Vingt heures, la grande salle circulaire de la TOHU se remplit pendant que le bon maître de cérémonie, Calixte de Nigremont, « magicien du verbe », présente à la foule chaque nouveau spectateur entrant dans la salle comme on présenterait un invité de marque à la cour. Le noir se fait, l’orchestre démarre dans une explosion de cuivres, cordes et percussions ; l’Édition Spéciale du Festival Mondial du Cirque de Demain a commencé.

 

D’hier…

En 1977, le Cirque Français est en crise, et deux « fous de cirque », Isabelle et Dominique se prennent à rêver. Ils imaginent de très jeunes artistes de cirque, venus des quatre coins du monde, qui se réuniraient pour présenter leur talent au public. Et pourquoi ne pas en faire des Olympiades ? C’est ainsi que Le Festival Mondial du Cirque de Demain est né. Depuis 1977, chaque année, à Paris, se déroulent ces Jeux Olympiques du cirque aujourd’hui sous la présidence d’Alain M. Pacherie. Tous les ans depuis 34 ans, c’est le monde entier qui est convié dans la ville Lumière pour partager quelques beaux instants de cirque.

Catalyseur de carrière, le Festival récompense tous les artistes en leur donnant l’occasion d’entrer en piste afin d’éblouir une foule d’aficionados, mais aussi de producteurs, diffuseurs et d’anciens lauréats.

Les plus beaux numéros se verront répartir l’une des neuf médailles. La liberté est donnée au jury de décider, parmi elles, combien seront de bronze, d’argent ou d’or. Trois prix spéciaux sont attribués aux numéros ayant particulièrement retenu l’attention du jury, d’une façon ou d’une autre.

 

…À aujourd’hui

À Montréal, tous les deux ans, des numéros sont choisis parmi les lauréats des années précédentes pour former un spectacle autour d’une ligne conductrice (cette année, l’humour). Ce n’est plus une compétition, simplement une invitation faite aux artistes de venir partager ce moment de cirque avec ceux qui parfois furent leurs concurrents, et avec le public montréalais. Le spectacle, composé d’un peu plus de neuf numéros, démarre sur les chapeaux de roue avec les élèves de l’École Nationale de Cirque.

À leur suite, Ba Jianguo, jeune chinois autodidacte, jongleur de rue, médaille d’or de la 34e édition cette année, fait tournoyer cet objet étrange, mélange de toupie et de diabolo, le Toton, avec grâce et rapidité, tandis que le jeu des lumières ajoute à la beauté du tableau. Se présente ensuite Lisa Rinne, « le petit oiseau de festival », venue d’Allemagne, saisissante au trapèze dans un numéro plein de grâce.

Également venus d’Allemagne, Chris, Iris, et leur micro nous offrent une haute performance acrobatique toute en légèreté. Vient le tour de Bert et Fred, couple déroutant, équilibristes de l’humour : ce duo venu de Belgique, dans un numéro de double trapèze fractionné en quatre reprises courtes au cours du spectacle, flirtent avec le danger et la farce avec désinvolture et précision. S’ensuivent les Starbugs, clowns excentriques Suisses, puis le Boustrophedon, avec un numéro aussi atypique que le nom du trio.

Camélia, marionnette ballerine de 70 ans, équilibriste sur verre à pied, est accompagnée par sa marionnettiste et son pianiste pour une danse originale et attendrissante. Un jongleur français, Morgan, jonglant avec toutes les parties de son corps, notamment les orteils, prend la suite puis laisse sa place à deux contorsionnistes venus de Tanzanie. Robert et Abillahi sont au-delà de la souplesse, ce sont des acrobates, des virtuoses de la position incongrue. Le spectacle se clôt sur la performance de la Lauréate du 7e festival, une experte du twirling bâton, l’américaine Nathalie Enterline, pour une fin chargée d’émotion.

C’est pour conclure que je parlerais du numéro d’ouverture, exécuté par les élèves de l’École Nationale de Cirque. Plus d’une dizaine d’artistes en scène, des clowns, des équilibristes, trapézistes et acrobates en tous genres nous offrent une explosion d’énergie. On ne sait plus où donner du regard, en particulier quand le stroboscope est de la partie et transforme le tout en vision éthérée.

Un festival ne datant pas d’hier traverse l’océan pour nous présenter les étoiles du cirque de demain.


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