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L’esprit olympique

La lutte remplacée dès 2020

Le Comité International Olympique (CIO) s’est prononcé en faveur de l’éviction de la lutte, cinquième sport le plus pratiqué au monde, du programme des Jeux Olympiques (JO) d’été de 2020.

Bien que cette décision ne soit pas encore entérinée, elle surprend quand on sait que ce sport fait partie intégrante des olympiades modernes depuis 1896.

Les critères ayant mené à ce choix sont divers. On retiendra notamment l’importance de la popularité, de l’universalité ou encore des audiences télévisuelles.

Un sport historiquement présent aux Jeux Olympiques est donc en passe de disparaître pour des raisons économiques. De nouveaux sports, tels que le wake-board, étant beaucoup plus spectaculaires et donc beaucoup plus lucratifs, feront leur entrée, l’aspect économique a pris le pas sur l’esprit sportif.

« L’important est de participer »

Pierre de Coubertin,  le père des Jeux Olympiques modernes, déclara en 1908, à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres :  « L’important dans la vie ce n’est pas le triomphe, mais le combat, l’essentiel ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu ». Il semble aujourd’hui que ce vieil adage ne soit plus d’actualité. L’important semble, plus encore que la compétition, le montant financier que celle-ci rapportera.

Les audiences télévisuelles sont, dans cette optique, un aspect essentiel des Jeux. Ainsi, la chaîne américaine NBC a dépensé 1.18 milliard de dollars afin d’obtenir le droit de retransmettre la compétition.

Ce montant est versé directement au CIO, détenteur de tous les droits de retransmission. Les olympiades de Londres ayant réuni environ 3.8 milliards de téléspectateurs de plus de 220 pays et territoires. L’enjeu est donc énorme.

 

Le spectacle a un prix

Les chaînes de télévision sont prêtes à investir de manière conséquente, elles espèrent cependant en échange assister à un véritable spectacle, afin d’attirer le public en nombre. C’est ainsi que les événements les plus suivis lors des Jeux Olympiques sont la cérémonie d’ouverture – un milliard de téléspectateurs – et de clôture – 750 millions – devant tous les sports. Et, là encore, chaque sport n’attire pas le même nombre de téléspectateurs. La finale du 100 mètres masculin, remportée par Usain Bolt, fut donc l’épreuve sportive la plus suivie. Ainsi, selon la BBC, ce sont 20 millions d’Anglais qui ont suivi l’épreuve en direct, soit plus d’un habitant sur trois.

 

Les JO : question de survie

La lutte ne joue pas dans la même catégorie. Et pourtant, ce sport est la représentation même des JO. Un sport historique, dont la première apparition remonte aux Jeux Olympiques Antiques en 708 avant J.-C. Mais, également, un sport universel pratiqué aux quatre coins du monde. C’est ainsi que lors des derniers Jeux, 29 pays différents ont obtenu une médaille dans cette discipline.

Le Comité International Olympique touche ici à une institution, à un symbole. Le problème est encore plus grave puisque, sans les Jeux Olympiques, la lutte risque de mourir à petit feu. Sans la représentation liée à cet événement ainsi que les subventions allouées aux fédérations, ce sport perdra peu à peu sa raison d’exister.

La mort de la lutte, c’est la mort de l’esprit olympique. C’est la victoire de Goliath sur David. La victoire de l’argent sur la passion.


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