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Couper court

La Faculté des Arts de McGill fera le grand ménage des cours offerts

À partir de septembre 2013, les étudiants de McGill verront leur choix de cours réduit : une centaine de cours de la Faculté des Arts ne seront plus offerts.

C’est ce qu’a annoncé Christopher Manfredi, doyen de la Faculté des Arts, lors d’une rencontre des Comités de la Faculté mercredi le 16 janvier. Le choix des cours à supprimer sera laissé à la discrétion de chacun des départements de la faculté, mais les cours visés sont ceux présentant un faible taux d’enrôlement. Manfredi précise toutefois dans un courriel envoyé au Délit que les cours ne seront pas nécessairement supprimés, mais que certains seront offerts moins souvent. Les étudiants seront invités à s’inscrire davantage dans des cours ayant un grand nombre d’élèves, où le style conférencier serait favorisé à celui de séminaire.

 

 Pour les étudiants ?

La raison évoquée par Manfredi pour cette coupe est simple : répondre au désir des étudiants qui veulent davantage de professeurs engagés à temps plein et à long terme plutôt que des chargés de cours. Selon lui, ceci favoriserait « les contacts entre les professeurs et les étudiants ». Cette diminution dans l’offre des cours vise aussi à dégager des fonds pour « augmenter le nombre d’auxiliaires à l’enseignement (TAs)». Ceux-ci aideront les professeurs à réaliser leurs tâches dans un contexte de salles de classe davantage remplies en raison du transfert des étudiants des cours moins populaires. Manfredi soutient que cette mesure améliorera le rapport étudiants/auxiliaires d’enseignement.

Cependant, plusieurs étudiants semblent s’opposer à cette décision. Selon Jimmy Gutman, étudiant à McGill et sénateur étudiant de la Faculté des Arts : « La plupart des chargés de cours ont un doctorat. Souvent, ils sont plus sociables et plus instruits que les professeurs engagés à temps plein. La plupart de ces derniers veulent faire de la recherche et détestent donner de grandes classes d’introduction ». Gutman croit aussi « que les coupes auront un impact dramatique sur les étudiants et leur cheminement. Les gens qui veulent une expérience d’apprentissage plus intime et critique seront déçus. […] L’apprentissage fondé sur les discussions sera marginalisé dans des cours séminaires […] restreints à une fois par semaine, alors que les énormes classes, où les discussions sont presque impossibles, seront la norme. […] [McGill] est en train de sacrifier la qualité de l’éducation pour la rentabilité financière ».

McGill voulait depuis quelques temps jeter aux oubliettes les cours moins achalandés. Le Délit rapportait en octobre 2012 les propos d’Anthony C. Masi, doyen de l’université, selon qui McGill devait investir ses ressources vers les cours plus populaires (édition du 23 octobre, « Sénat de McGill »). C’est finalement au prochain semestre d’automne que ce souhait de l’administration se réalisera.

 

Les coupes ne seraient pas reliées au déficit de McGill

Dans une lettre adressée aux étudiants de McGill en décembre dernier, Heather Munroe-Blum, principale de l’université, déclarait que le déficit d’exploitation de l’institution prévu pour l’année fiscale 2013 se chiffrait à sept millions de dollars, soit un million de plus que l’année précédente. En réponse aux données financières 2011–2012 de l’université disponibles sur son site Internet,  plusieurs étapes pour réduire les coûts de McGill sont énumérées. On note parmi elles des compressions budgétaires généralisées de 2,5% et des décalages d’augmentations salariales.

 

McGill applique aussi la loi 100 du gouvernement du Québec comme toutes les universités de la province. Dans un courriel envoyé au Délit, le directeur des communications internes de McGill, Doug Sweet, explique que cette loi vise à réduire les coûts de l’université en réduisant le nombre d’employés de l’administration par attrition. « Cette loi, grosso modo, établit que si deux personnes décident de partir à la retraite ou de quitter leur emploi, seulement une d’entre elles peut être remplacée. Le but, clairement, est de réduire les dépenses gouvernementales pour faire face au déficit du Québec ».

Toutefois, selon le courriel de Manfredi envoyé au Délit, la suppression de cent cours de la Faculté des Arts n’est pas une méthode employée pour réduire le déficit auquel fait face l’université. Il soutient également que cette suppression n’a rien à voir avec les compressions d’une centaine de millions de dollars au budget total des universités québécoises annoncées par le gouvernement Marois en décembre dernier. Manfredi soutient que la coupe d’une centaine de cours de la Faculté des Arts est le résultat de consultations menées depuis 2010.

 

Invitation

Les étudiants de l’université sont invités à participer à une rencontre avec M. Manfredi mardi à 16 heures dans le « Arts Lounge » afin de lui poser des questions sur la coupe d’une centaine de cours de la Faculté des Arts. Le titre de la rencontre : « Plus d’auxiliaires à l’ensignement pour moins de cours ? Le Doyen de la Faculté des Arts a quelque chose à dire ».


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